Les
mardis à 21h30 et du mercredi au samedi à 19h30 à la Cave Po.
Un plateau nu. Une chaise. Seule en scène – face à son intimité – une femme
prend la parole. A la rencontre d’un amant qui l’obsède, l’épuise ou la
brutalise, cette femme tente de comprendre la passion qui l’anime. Sa parole,
urgente comme une transe organique, se libère alors au gré des mécanismes
intuitifs de sa mémoire corporelle. Par le corps, ressurgissent ainsi du passé
ceux qui, «sur demande ou par effraction» ont pénétré sa vie : ses amants, son
père, Jésus. Pour comprendre l’aliénation à ces figures masculines qui ont posé
les fondations même de fascinations successives qu’elle livre, revit, ou tente
de réparer aujourd’hui, elle soumet l’homme à un jugement dernier, lui demande
de se mettre à nu, vraiment. Solliciter l’honnêteté chez l’homme : une cause
perdue d’avance, mais un leitmotiv qui la mène pourtant à quelques révélations
tragiques : la faim -jamais rassasiée- du pénis, la culpabilité, le désir
opprimé et l’attouchement de ses dix ans. Cette femme, unique mais universelle,
« dans sa normalité banale », ré éprouve la chair, le «manger», la chambre
d’enfant, les hémorragies et le trouble de l’enfantement. Ces souvenirs, cette
réminiscence, cette Saudade, elle l’invoque comme un moyen d’exister et pour en
finir avec un idéal acquis.Noli me tangere présente une jeune femme abusée et
une femme libre que la contradiction fait rire à gorge déployée.
Cette femme – la femme-enfant, la femme conventionnellement soumise, la femme
cannibale, la femme castratrice, on s’y attache (elle nous attache ?) même et
surtout quand la réalité parfois crue qu’elle décrit nous affole par endroit. Sa
parole sans concession devient libératrice. Elle livre, sans tricher, d’images
de sacrifice en images d’enfance étoilée, son vide et ses relents physiques
intenses. Elle livre son regard intime sur la passion et retrouve ainsi
différentes postures : agenouillée devant le Christ en croix, prostrée dans
l’attente du Père, boulimique et soumise à l’Homme qui affame, qu’elle dévore ou
vomit. Cette femme nous fait tomber de haut : du haut de l’arrogance ou de
l’ignorance pour nous permettre de retrouver, qui sait, un peu d’innocence. « Le
texte de Céline Nogueira est beau, fort, difficile. Il est, pour tout dire,
féminin au possible, et terrible dans ses détresses, âpre même dans la douceur.
L’interprétation qu’assure Céline Nogueira en épouse avec justesse toutes les
variations jusqu’à jouer avec le public même, cet amant muet et retiré, d’un
mouvement d’attirance et de répulsion. »
Jacques-Olivier BADIA – Le clou dans la planche
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