Revenu cet hiver avec un sublime quatrième album « La Distance », Da Silva sera en concert ce soir au Bikini. Rencontre avec l'auteur de « La Crise ».
Le nouveau Da Silva est arrivé, et c'est un choc. A la fin de l'album, nous ne sommes plus les mêmes. Ce qui est exactement ce que Da Silva recherche depuis toujours dans la musique. Avec "La Distance", le chanteur prend des risques. Des risques qu'il évoque dans un entretien avant son passage à Toulouse.
De retour en janvier avec un nouvel album, vous êtes actuellement en tournée. Se retrouver sur scène avec un groupe et le public doit être très fort ?
C'est ce qui me fait le plus plaisir. Je fais de la musique pour ces moments, et rien d'autre. Je compose seul, j'écris seul, enregistrer un album est chouette mais un concert est un moment particulier. C'est un voyage où tu changes de salle tous les soirs. Voir de nouveaux lieux, revenir dans des anciens et être en groupe. C'est assez jouissif. La scène est le sens de la musique, surtout avec un groupe et un son plus massif et plus électrique. Même s'il y a toujours une appréhension : ce qui est normal quand on prend des risques !
Pour « La Distance », vous avez mis trois ans à le préparer. Vous aviez besoin de prendre votre temps ?
Un besoin de faire table rase des précédentes aventures. Mais aussi, de me renouveler. J'ai eu une période où je n'avais plus envie d'écrire, ni de composer. Petit à petit, le quotidien se réinstallait. Le doute aussi. Puis, l'envie est revenue quand j'ai eu mes premières idées. Je me suis fixé des règles d'écriture : finir une chanson avant de penser à l'autre. Même si j'avais des idées en même temps, je me devais de me concentrer sur une seule chose. Pas faire n'importe quoi.
Comment s'est passé le processus créatif sur l'album en comparaison aux autres ?
Je n'ai pas composé celui là avec une guitare. Je change souvent entre les albums. Notamment depuis le premier qui était très minimaliste de ce côté là. Il me fallait trouver un nouveau souffle et ne plus me concentrer autour de la guitare. J'avais envie d'un disque plus pop avec des basses et une batterie. La guitare a cet avantage de se suffire à elle même, mais on s'y enferme.
Musicalement, il y a une évolution majeure comme vous l'évoquez. Pourquoi cette nouvelle orientation ?
Par honnêteté. D'abord, vis à vis de moi-même. Je n'avais plus de plaisir dans ce que je faisais. J'avais envie de nouvelles textures et aussi le besoin d'être secoué. Le flow est même différent des autres albums.
Peut-on dire que 2012 est l'année du changement ?
C'est moi qui l'ai souhaité, par cette nouvelle prise de risque. Je me devais de me mettre en danger. Je voulais m'ouvrir plus vers la pop. Je ne vois pas « La Distance » comme un quatrième album mais seulement comme un nouvel album. Peut-être que le prochain sera enregistré avec un orchestre philharmonique.
En comparaison aux précédents, cet album sonne plus social.
Je ne pense pas forcément à ce truc en écrivant. Je m'en fous, j'occulte complètement l'idée d'écrire en aspirant à ça. J'essaye d'écrire ce qui fait écho en moi d'abord. C'est un instrument de vérité. Je pars de belles choses à l'intérieur avant de le sublimer. Il faut qu'il me bouleverse en priorité.
Sur la chanson « La Crise », vous parlez d'amour plus positivement qu'avant. Une première pour Da Silva.
J'ai du attendre la prison de la crise sentimentale pour m'en rendre compte. Je prône le travail par le plaisir, il faut un peu de légèreté dans ce que tu fais…
Il y a aussi la chanson « Les Premiers ». Peux-tu m'en dire plus ?
C'est une chanson qui part du principe qu'on occulte souvent nos premières fois. Vous savez, les premières dans une vie, les petits détails, les étincelles. Il nous manque ce souvenir, et j'aspire à les imprimer quelque part. Je voulais évoquer, à travers ça, les moments qui nous échappent.
Pour finir, vous serez à Toulouse ce mardi. Que représente pour vous cette ville ?
J'y ai beaucoup de bons souvenirs, notamment au Bikini. Je suis venu y faire une résidence et des concerts avec le même plaisir à chaque fois. Puis, c'est la ville de mes producteurs. On s'y sent plutôt bien, c'est assez chouette.