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Jean Racine
Il y a deux ans, je mettais en scène La Bête dans la jungle suivie de La Maladie de la mort. Ce fut l’occasion pour moi de me plonger durablement dans l’œuvre écrite et filmée de Marguerite Duras. De fil en aiguille, de lectures en lectures, cherchant à comprendre, du moins à approcher, la complexion si particulière des grandes amoureuses durassiennes, je découvrais que Bérénice de Racine en était peut-être l’une des clés. Elle lui a en effet inspirée un film-poème, Césarée, et un texte, Roma, devenu Dialogue de Rome au cinéma. C’est ainsi que je relus Bérénice.
La problématique de la trahison est déterminante en ce qu’elle met la question amoureuse à l’endroit le plus haut : Bérénice, en suivant Titus, quitte tout. Et donc, quand elle comprend qu’elle est quittée à son tour, tout cède sous ses pieds, elle n’a plus de parents, plus de terre, plus de religion, plus de passé et plus d’avenir. Bérénice a tout perdu.
Pour Racine, l’enfant de Port-Royal, élevé au lait de la radicalité janséniste, comme pour Duras, l’amour n’est pas affaire de compromis, il est un pari qui engage corps et âme, et qui ne peut se vivre qu’en s’abandonnant intégralement à l’autre, au risque de s’y perdre, de s’y dissoudre.
Célie Pauthe, extrait d’un entretien réalisé par Laetitia Dumont-Lewi