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L’odyssée flippante d’une auto-stoppeuse enlevée par un tueur en série, une histoire d’amour aussi dévorante qu’inattendue, et (presque) une rédemption : il y a tout ça dans la brève nouvelle de David Foster Wallace, que Rodolphe Congé adapte pour le théâtre. Tout ça, et aussi, au cœur de ce récit dialogué, beaucoup de trous, ellipses, non-dits, qui deviennent pour le lecteur, et plus encore le spectateur, autant de blancs à combler, où l’imaginaire de chacun pourra se lover, stimulé par les sons et la lumière de Daniel Jeanneteau.
Car Rodolphe Congé, acteur pour Alain Françon sur les planches ou pour Pierre schoeller à l’écran, et par ailleurs complice de Joris Lacoste (qui du reste participe à l’aventure), sait que les suspensions silencieuses disent parfois plus que les mots. Il envisage donc ici le théâtre comme une machine à fantasmes, et le public comme un créateur à part entière : avec la ferme conviction – et c’est tout le pari de ce spectacle – que la richesse émotionnelle du texte de Wallace deviendra, par la grâce de la scène, une puissante expérience intérieure.
« Ponctué de silences émaillés de brefs signaux sonores (musique de Pierre-Yves Macé), le discours du conteur désinvolte, volontiers agaçant, confine probablement à la demande d’amour feutrée. L’acteur se livre ici, dans le registre du « neutre » élégant, à une parfaite démonstration de théâtralité a contrario, en homme qui parle pour dire beaucoup mine de rien. Il y va d’un art du peu qui réhabilite suavement les mots, la parole enfin dans toutes ses virtualités suggestives, pour le plaisir de l’intelligence à partager en toute complexité. » L’Humanité, Jean-Pierre Léonardini