En marge des représentations de l'Atelier du Peintre par le Cirque Plume, nous sommes allés à la rencontre du directeur artistique Bernard Kudlak.
Le Cirque Plume crée depuis 1984 un univers de poésie autour du cirque. Pour son neuvième spectacle, "L'atelier du Peintre", la compagnie débarque à la Grainerie de Balma sous chapiteau. L'occasion était trop belle pour ne pas évoquer cette aventure humaine avec son directeur artistique Bernard Kudlak. Rencontre.
Comment est né le cirque Plume ?
Il a été créé en 1984, avec un premier temps en 1983. On faisait de la musique tous ensemble, certains créateurs faisaient du cirque de rue. Ils étaient novateurs à l’époque. Maintenant, c’est devenu plus commun. Par la suite, on a monté un spectacle qu’on a proposé tous ensemble sous le chapiteau d’amis marionnettistes.
Le Cirque Plume a donc 27 ans. Quel regard portez-vous sur cette belle aventure ?
Neuf spectacles, des voyages partout en Europe et dans le monde. C’est une chance formidable. Une grande Aventure. Une aventure de vie, de joie, de fête, mais marginale au départ. Très vite pour bien vivre, on s’est transformé afin de renouveler cette aventure humaine. Un bel échange. Je suis plutôt heureux…
C’est le 9ème spectacle que vous jouez à la Grainerie. Comment on arrive à se renouveler ?
Personne ne peut y répondre. Je pense que…c’est le souffle de vie qui porte une expérience. Il y a l’inspiration de la nature, de la vie, des événements de nos vies. C’est un spectacle avec, au centre, le partage. Sur cette idée centrale, on construit un spectacle. C’est l’idée de notre paradis perdu. L’humain par sa culture a envie, par tout les temps et les époques, de ce paradis perdu. Et, de la poésie qui en découle. On espère un temps où tout a été possible. Ce n’est pas possible. On souhaite un paradis avant la chute. On traduit ça par la musique, les arts…par notre créativité.
Vous arrivez à Toulouse avec le spectacle « L’atelier du Peintre ». Pourquoi avoir choisi cet univers ?
Par amour de la peinture, d’une part. D’autre part, on a déjà utilisé toutes les techniques des arts du spectacle : les clowns, la comédie, le chant…tout le panel. Mon souhait était de mettre en perspective des éléments d’un art majeur pour un art mineur comme le cirque. Ce n’était pas facile mais cela nous permet de jouer et s’interroger sur la relation entre nos différents arts.
Le cirque un art mineur ?
Oui, comme la chanson. Gainsbourg décrivait la chanson comme un art mineur en comparaison aux arts majeurs. Ce n’est qu’une catégorisation sociale. Si le cirque possédait plus d’aides ou de subventions, on pourrait l’élever à ce rang, comme le théâtre et l’opéra. Ce n’est pas très important, c’est un espace de dominations et de considérations politiques et sociales.
Pourquoi ce n’est pas si important ?
Le plus important, c’est ce qui se passe entre les êtres humains.
Quel est votre rôle dans le Cirque Plume ?
Alors… je m’occupe de la direction artistique. Etre garant du style, garant de l’ensemble, du résultat. Je travaille sur le projet de bout en bout. Je dirige pour faire les bons choix dans la création artistique.
Personnellement, comment êtes-vous arrivé dans l’univers du cirque ?
Un peu curieusement. Je pensais être un artiste en voyant le film Andrei Roublev, de Tarkovski. L’un des 10 plus beaux films de tous les temps. Je me suis dis : « c’est possible ». Ensuite, je suis devenu marionnettiste presque par hasard. J’ai travaillé par la suite les arts forains comme le jonglage en lisant un livre pour enfant. C’était à Paris, on bossait sur tout ces arts là, on crachait du feu, on faisait des conneries. Puis, on a essayé de faire un spectacle. Il n’a jamais eu lieu. On s’est donc présenté dans la rue…
Il y a toujours le même plaisir qu’à l’époque ?
Absolument, le plaisir. Mais aussi, le désir et la joie. Aujourd’hui, je ne suis plus présent sur scène. Je regarde de l’extérieur et c’est un très grand bonheur de voir le plaisir des gens. Pour les artistes, c’est aussi un immense bonheur.
En 2010, vous avez joué 14 représentations à l’Odyssud Blagnac. Pourquoi avoir choisi la Grainerie cette année ?
Il n’y a pas de différence. Toulouse est une immense ville, et en 2010, je pensais qu’on n’avait pas exploité tout le potentiel du public toulousain. Je suis très content de jouer à l’Odyssud : c’est un partenaire fidèle du cirque Plume. Là, il y avait la possibilité de jouer à la Grainerie. La Grainerie est en difficulté, avec un manque d’argent et d’aide. C’est un beau lieu et c’est un endroit très important pour la culture. On y fabrique l’art d’aujourd’hui. Cela mériterait un peu plus de considération. De subventions. Sinon, il n’y a pas d’opposition à Toulouse entre l’Odyssud et la Grainerie : plutôt une complémentarité.
Cirque Plume, L'atelier du Peintre à la Grainerie de Balma
Du 15 au 25 mars à 20h30 et les dimanches à 15h
entrée : 18/27/29 euros
Photos Henri Brauner – Cirque Plume 2011