Coup de Coeur – Cinéma : Polisse, une claque signée Maïwenn

 

La réalisatrice Maïwenn revient demain en salle avec son troisième long métrage Polisse. Une oeuvre forte et puissante sur le quotidien des policiers de la Brigade de Protection des Mineurs. Gardes à vue de pédophiles, arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple. Ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables. Polisse, c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec…Voilà en gros, le pitch du troisième film de Maïween après  " Le Bal des actrices".

 

L'idée de Polisse vient d'un reportage. "Je suis tombée sur un documentaire à la télévision sur la Brigade des Mineurs (BPM) qui m’a totalement bouleversée. Dès le lendemain matin, j’ai appelé la chaîne pour contacter le réalisateur du documentaire : je voulais savoir comment faire pour rencontrer les policiers de la Brigade des Mineurs" explique Maïwenn. Avant d'écrire le scénario la cinéaste s'est plongé dans le quotidien des policiers de la BPM, non sans mal. " Une fois que j’ai obtenu l’autorisation de suivre ce «stage», je n’ai pas arrêté de passer d’un groupe à un autre en prenant des notes : j’étais comme une éponge pour m’imprégner au maximum de ce que je voyais. Même pendant les trois heures de pause-déjeuner, ou le soir, au moment de l’apéro, je ne les lâchais pas pour ne rien perdre de leurs discussions, et je posais des milliers de questions " raconte la jeune réalisatrice. Il n'en fallait pas tant pour conclure à une histoire dense et intense.

 

L'autre valeur ajoutée de Polisse reste inévitablement la relation entre les personnages. On y retrouve de nombreux acteurs au top de leur forme. Tous investis d'une mission. Hormis Karine Viard, Maïwenn, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle ou encore Jérémie Elkaïm, notre regard se porte sur la prestation de Joey Starr. Comme la réalisatrice. "Quand j’ai découvert le documentaire sur la BPM à la télévision, il a trouvé sa place tout naturellement. Ce film je l’ai écrit pour lui. Il a été mon moteur et ma muse. De plus, j’avais envie de le surprendre, et qu’il soit fier de moi. Et puis, j’avais le sentiment  que je ne m’étais pas servie suffisamment de son potentiel sur Le Bal des Actrices,et je voulais donc aller plus loin encore, en allant chercher sa fragilité et sa pudeur." Une belle déclaration à son ex-compagnon.

 

Ce camaïeu d'acteur construit le film sur un axe entre la solidarité et l'amitié. Pour Maïween, l'important " était le fonctionnement quasi familial de la brigade : les policiers sont du matin au soir ensemble, y compris pour le petit déjeuner et l’apéro ! Ce qui n’empêche pas les rapports d’être parfois tendus car il y a pas mal de rivalités et d’histoires d’amour." Avec un parti pris pour les femmes. " Elles ont quelque chose à prouver que n’ont pas forcément les policiers hommes", s'explique Maiween.

 

A la question inéluctable, de pourquoi Polisse et non pas Police, Maiwenn ne va pas par quatre chemins. "Le titre qui s’est d’abord imposé à moi était POLICE, mais il avait déjà été pris, et pas par n’importe qui ! J’ai ensuite eu envie d’intituler le film T’ES DE LA POLICE ? – et je me suis rendu compte qu’il avait également été utilisé il y a quelques années. Un jour, alors que mon fils faisait de l’écriture, le titre POLISSE, avec la faute d’orthographe et l’écriture d’un enfant, est d’un coup devenu évident pour le sujet du film".  Voilà une idée originale dans la mouvance de ce sublime long métrage. Reste à savoir si le public sera au rendez-vous. Mais à priori, il sera happé par ce bijou cinématographique.

 

Prix du Jury au festival de Cannes 2011, Polisse sort en salle demain pour le plaisir des spectateurs français.

 

Polisse, le 19 octobre au cinéma