vendredi , 14 mars 2025

Gilles Jumaire : « Le Weekend des Curiosités me tient à coeur »

Organisateur du Weekend des Curiosités du 26 au 29 mai, au côté du Bikini, Gilles Jumaire de Bleu Citron revient avec nous sur ce festival majeur à Toulouse entre les difficultés d'une première édition, le futur, la programmation : Interview fleuve.

Une envie qui titille. Une idée qui germe. Des personnalités qui s'investissent. L'un dans l'autre, le futur festival du Weekend des Curiosités a fait son chemin. La concrétisation est prévue pour la fin mai. Plus précisément du 26 au 29 mai prochain. Après treize ans de travail commun, le Bikini et Bleu Citron souhaitaient donner un nouvel élan à la musique à Toulouse : Organiser un festival de musique actuelle. Pour cela, nous sommes allés à la rencontre de Gilles Jumaire, patron de Bleu Citron. Dans un entretien fleuve, il nous dit tout sur le Weekend des Curiosités.

Avant de parler du Weekend des Curiosités, j'aimerais en savoir plus sur vous et surtout sur Bleu Citron pour ceux qui ne connaissent pas ?
Ça a été créé , il y a un bon moment, en 86. J'étais d'abord un producteur de disques plutôt dans le jazz. Et musiques du Monde. Et comme c'était des artistes en développement, et qu'il n'y avait pas de tourneur, j'ai vite fait la production du disque puis je me suis occupé d'eux en tournée. J'ai fait le producteur, l'éditeur, la promo, j'ai fait un peu tout ça. Bleu Citron au départ, c'était comme ça. Au final, j'ai produit à peu près 25 disques. Mais économiquement, c'était pas évident évident.

Ce n'était pas évident, c'est à dire ?
 S'occuper d'artistes c'est difficile, et dans le milieu du jazz et musique du monde encore plus. A côté de ça, j'ai fait des activités grand public. J'ai travaillé avec des artistes comme Jacques Higelin, beaucoup de ce type là. A côté de Bleu Citron, qui continuait son rôle, pour gagner un peu d'argent, car je n'en gagnais pas avec Bleu citron, je me suis occupé aussi du Printemps de Bourges entre 90 et 2000. Je m'occupais aussi de trucs assez important comme les Rolings Stones au Stade de France.

A quand remonte votre arrivée à Toulouse ?
Je suis à Toulouse depuis 1997 et ici, j'ai deux activités : tourneur et producteur d'artistes avec de nombreux artistes comme Caravane Palace, Izia, Magyd Cherfi, Da Silva, mais aussi une activité de producteur et organisateur de concerts localement. Je me suis donc rapidement rapproché du Bikini.

D'où le lien fort avec le Bikini ?

Voilà le lien avec le Bikini au départ. Nos rapports sont devenus par la suite plus étroits plus forts suite à l'explosion d'AZF (NDRL : en septembre 2001). Lui, et nous aussi, n'avions plus de place pour nos spectacles vu que le Palais des Sports et le Zénith étaient endommagés. Donc le Bikini et Bleu Citron ont travaillé ensemble dans différentes salles de la région. Il y a eu ce lien fort. On a toujours eu nos activités parallèles et qui se rejoignent  un jour sur deux… mais, nous, on a un rôle d'organisateur plus grand public.  Depuis 10 ans, on co-produit ensemble les spectacles. Moi, vu mon parcours au Printemps de Bourges, ou dans d'autres festival comme le Summer, Pause guitare, Alors Chante, le Festival de Carcassonne, et d'autres, je me suis posé la question de faire ce que je veux faire avec le weekend des curiosités.

Avant le weekend des Curiosités, le socle de votre entreprise artistique reste l'association des Curiosités ?

C'est lié. Je voulais répondre à la demande non pas du public, mais celui de pouvoir présenter au public, via des producteurs, des artistes en développement. En découverte. Or, on ne peut pas le faire facilement car nous nous n'avons pas d'argent public pour le fonctionnement. On a donc eu l'idée de réaliser un rendez-vous régulier au Bikini qu'on appelle les Curiosités pour présenter des artistes en développement. Même si on en a présenté qui sont vite devenu très gros genre Pony Pony Run Run, Gush…

C'est un sacré défi : faire venir du monde dans une salle pour assister à un concert d'artistes peu ou pas connus.
C'est pas facile, voir très difficile. On le maintient. C'est une opération que l'on fait qui est déficitaire et on cherche des partenaires là dessus privé. Mais, c'est un rendez vous qu'on veut continuer plusieurs fois par an. L'idéal, ça serait de le faire tous les mois, mais financièrement ce n'est pas évident. On le fait donc 7 ou 8 fois par an. La logique fait que ce serait bien de finir l'année de programmation par un weekend particulier. De créer quelque chose d'important.

On en vient donc au Weekend des Curiosités, un festival de musique actuelle. Mais dans quelle logique s'établit ce Festival ?
Les Curiosités ont abouti à ce projet. La différence est que nous n'avons pas les moyens de faire, de montrer sur trois scènes pendant quatre jours, que des inconnus. Même si on va peut être être aidé par les collectivités, mais ce n'est pas sûr. Logistiquement, la Mairie de Ramonville nous aide. Dans cet optique, on est obligé d'ouvrir la programmation à plusieurs têtes d'affiches.

Y a-t-il eu un modèle ?

On espère dans les années à venir être du niveau des Transmusicales. Pour nous, c'est un modèle. Mais ça leur a pris 20 ans. Il faudra qu'il y ait de la relève pour moi et Hervé (NDRL :  Hervé Sansonetto, directeur du Bikini). Car, on n'aura, d'ici là, plus l'envie de faire ça.

Le Weekend des Curiosités, c'est trois scènes, trois programmations différentes ?
En regardant la programmation, on a quand même la grande scène sur le port qui a des têtes d'affiches. On a un plateau de quatre artistes avec obligatoirement des artistes connus mais aussi des artistes plus découvertes. Au Bikini, on y prévoit une affiche plus électro, plus rock. Avec des artistes moins connus. Et puis, il y a une scène curiosité qui sera au milieu du port où il y aura des artistes en développement. Des découvertes locales, niveau région.

Que représente ce festival pour vous ?

Le Weekend est un festival qui nous tient à cœur. Qui me tient à coeur. On compte vraiment sur le public pour qu'il soit là. Qu'il nous aide à le pérenniser. Car il faut le pérenniser : faire un seul coup cela ne nous intéresse pas. Et, il y a la possibilité de le développer ce festival. On peut utiliser encore plus de chose qu'il y a sur le site. Notamment la salle du Marin d'eau douce, la salle des Fêtes… Il y aurait même de l'autre côté du canal un grand stade sur lequel on pourrait mettre une scène de 15 000 personnes. Il y a vraiment un moyen autour du Canal, qui est très beau, de faire un festival qui marquerait le territoire. Et, qui marquerait un moment fort dans l'année qui n'existe pas à Toulouse.

Il n'y a pas non plus de festival de musiques actuelles sur Toulouse…

Il y a Première Pression qui fait quelque chose, et de belles choses… mais le festival comme nous on le voit, il n'en existe pas encore. C'est pourquoi on aimerait le pérenniser. Et, que l'année prochaine on en fasse un encore plus fort.

La question que je me posais est le choix des dates. Pourquoi à cette époque là, juste avant les gros festivals ?
On a regardé ce qu'il y avait avant et après pour ne pas gêner. On a même gêner un truc plus autour de la Catalogne qui a lieu une semaine avant. On a réussi à ne pas se gêner, ne pas se chevaucher. Pas facile. Mais bon, c'est toujours sur une grande ville qui est quelque chose.

Comment s'est faite la programmation ?
Toute la programmation c'est nous. Ce sont les équipes de Bleu Citron et le Bikini. On a travaillé ensemble la dessus. On a eu pas mal de discussion. On se prend la tête entre nous de façon positive. Les choix de chacun ressortent dans les discussions. En plus, dans la programmation il y a certes le facteur artistique mais il y a d'autres considérations. D'opportunités, de tel ou tel chose, de logique de plateau où un artiste, même si il est super, ne correspond pas.

Comment ce sont fait les plateaux ?
On bâtit, quand on fait de la programmation, autour d'une ligne de conduite. Autant le Bikini c'est différent  car ce sont des soirées thématiques marquées par l'électro et le rock. Après, il faut juste trouver des noms correspondants à ces thématiques. La couleur et la ligne sont définies. Pour les grandes soirées, c'est plus difficile. C'est en fonction de l'artiste phare qu'on va approché dans la ligne que l'on souhaite. Quand on approche Cocoon et Gotan Project, un peu les têtes d'affiches, on sait qu'ils donneront nos couleurs. Donc, on est parti dans cette couleur. Sans Gotan Project, ça aurait pu être carrément autre chose. On est porté forcément pas un artiste.

La difficulté est aussi de faire venir des grands artistes avec un concept nouveau, non ?

La difficulté qu'on a sur une grande ville comme Toulouse, pour un festival situé sur une grande ville, en dehors de Paris, c'est que les artistes vont passer dans les grandes villes selon leur plannings à eux. Et souvent, leur planning n'est pas en phase avec notre planning à nous. Voir il peut nous gêner. C'est à dire que si ils sont dans une tournée trois mois avant, et ben… il vont vouloir passer par Toulouse durant leur tournée. On arrive à passer ça au bout de plusieurs années quand on devient un festival par lequel il faut passer. Et, que l'artiste ou le producteur se disent : si je peux passer à Toulouse dans le cadre de ce festival, je vais y passer. La première année, on n'a pas ce choix là.

D'ailleurs, qui dit première année dit forcément de nombreuses difficultés. Lesquelles ?
La première année, c'est très difficile parce que on ne peut pas influencer sur le producteur ou l'artiste au delà de notre propre relation avec lui. Il y a toujours une limite : l'intérêt économique de chacun. Sauf si ça devient un lieu où il faut passer. Je peux te dire que pour passer par Rock en Seine, il va changer son plan de voyage. Nous, c'est pas ça. Et, c'est normal. La deuxième difficulté, c'est le financement. En gros, au niveau national, il est financé par la billetterie à hauteur de 40 ou 50 %. Après, il faut trouver un financement au delà de ça qui passe par les recettes publicitaires, privé et l'argent public. La première année, il y a peu d'argent public. Cette année,on le sait, on va perdre de l'argent. Après c'est un investissement. Mais il ne faut pas en perdre trop pour ne pas être plombé l'année d'après.

Quel est le risque de commencer cette année le festival ?
Le risque est qu'on vise une jauge dans nos budgets. Pour couvrir, il faut qu'on fasse un complet, soit 10 000 personnes. Arriver à faire complet la première année, ça serait fort. Le risque qu'on a, c'est que l'on ne fasse que 6 000 personnes. A ce jour, il y a beaucoup d'inconnus. On sait que cela ne se monte plus comme il y a 20 ans, 15 ans, où on partait sur une idée et les collectivités suivaient. On n'est plus très original en montant un festival.

Il y en a de plus en plus en France…

Je crois qu'on est un peu Champion du Monde en France dans le nombre de Festival. Donc, il faut arriver à prouver notre originalité par notre pérennité.

En quelques mots, quel est l'originalité d'un tel festival ?
Je n'aurais pas la prétention de dire qu'on est d'une originalité folle. Les points plutôt positifs, c'est qu'il n'y en a pas à Toulouse. On peut le mettre en place car c'est une ville comme Toulouse, parce que c'est Toulouse en restant modeste. Le Lieu est vraiment sympa, et on veut jouer sur cette thématique des Curiosités. Soyons modeste, mais rien que ça, suffit !

Lors de cette programmation du Weekend des Curiosités, quel est votre coup de Coeur ?

Ah ! Je ne peux pas en avoir, je suis au milieu de tout ça. Je trouve que tout fonctionne bien. La soirée avec Gotan Project va être une soirée originale. J'aime bien cette soirée. Mais, j'adore aussi l'autre. Après au Bikini, ce seront des soirée fortes. Je n'ai pas de coup de coeur. Si je veux pousser quelque chose, je veux pousser le festival pour que l'an prochain on le refasse.

Au final, dans cette idée de pérennité, il y a forcément un rêve fort derrière ?

J'aimerais, le rêve, qu'il y ait que des découvertes. Ça serait génial. Là faut s'appeler les Trans. Mais, ils ont encore mis 20 ans. On n'a pas cette intention là. Appuyons nous sur nos têtes d'affiches pour montrer nos Curiosités. Au delà de ça, il faut rester réaliste. Que des Curiosités, on crève. C'est idiot. Le but, c'est d'en montrer le plus possible.

Le Weekend des Curiosités, du 26 au 29 mai 2011, au Bikini et alentours

> Programmation du weekend des Curiosités

Aller plus loin…
Programmation du Bikini

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