dimanche , 6 avril 2025

Guillaume Cantillon "Des ballons rouges" sur Toulouseblog TV

Guillaume
le conquérant

Oui, je sais, c’est un titre un peu facile lorsque l’on doit parler d’un
chanteur qui se prénomme Guillaume. Mais dans ce cas précis, ce qualificatif est
indéniablement juste. Comment celui qui ne s’est jamais défini leader du groupe
Kaolin s’est-il tout à coup mué en chanteur solo, acceptant une mise à nu
intégrale et somme toute assez bouleversante ? En se rassemblant pour mieux se
ressembler. C’est de fait l’histoire d’un auteur compositeur de 36 ans fier de
recommencer sa vie artistique.

Claude Nougaro avait dit en son temps en recevant une Victoire de la musique : «
J’aurai passé ma vie à faire mes débuts».

Une phrase gorgée de sens et d’humilité qui sied comme un gant à Guillaume et à
cet album. Tel un homme en proie à des instants fébriles, ce messager de la pop
avait donc envie de nous offrir sa face B, la plus personnelle de son
inspiration. Et d’obéir ainsi à cette loi qui fait dire des choses graves ou
parfois simplement très intimes avec légèreté. Sous le préau, la plage… ou plus
précisément sous les préaux, les plages d’un disque enregistré avec la plume
brisée dans l’encrier et la craie qui lézarde les tableaux.

Cet album de Guillaume est un retour à l’enfance, au goût des parfums
d’autrefois, à la nostalgie qui n’est forcément plus ce qu’elle était. Amiens,
c’est au nord de l’enfance, la capitale d’un gamin qui croquait la vie à pleines
dents parce que l’insouciance donne une sacrée fringale. Et puis un jour, il
faut quitter tout ça. Alors l’enfance se déchire. Dix ans, des griffures dans le
coeur et un nouveau terrain de jeu. Montluçon, centre presque exact de la France
ou bien du monde des mélodies qui naissent à la guitare. Il se trouve que «
Harvest » est aussi le centre précis de toute la musique qu’il aime. Et ensuite
Neil Young, Bob Dylan, Donovan, Simon and Garfunkel et surtout les jeunes filles
en fleurs qui, lorsqu’elles vont éclore, donneront l’envie de faire des
chansons.

Voici en quelques images et sensations l’histoire du premier album de Guillaume.
Le succès tardif du groupe Kaolin lui a certes donné un peu le vertige. Comment
prendre le maquis sans quitter sa famille de coeur, avec laquelle il est déjà
question de poursuivre la route ? Il faudra alors toute la détermination de la
musicienne réalisatrice Edith Fambuena, lorsqu’elle aura écouté les chansons
solitaires de Guillaume, pour le convaincre qu’il fallait faire absolument un
disque de ce recueil de chansons intimes.
De cette intimité, il faut alors garder essentiel. Miracle de la première prise,
quasiment maquette, comme au bon vieux temps où l’adolescent, guitariste
autodidacte, s’essayait à reproduire les bons vieux solos de Led Zep. Edith va
apprendre à Guillaume l’essentiel : grandir seul. Ensemble ils vont donner au
disque sa raison d’être (enregistré en plein air), sa saison (la fin de l’été),
sa terre (un vignoble), sa région (Saint-Émilion), une couleur (l’oranger d’un
coucher de soleil)… Un album folk, terrien, noble, aux sonorités encrées par le
tanin d’un vieux chai du Bordelais. Le spleen de l’enfance et le côté épicurien
de la pop sont ici les grappes d’un même raisin dont le viticulteur Guillaume
est le créateur libre. A savoir sans souffrir de la pression qu’engendre une
récolte dont l’enjeu serait par exemple de faire mieux qu’avec son cru de
naissance Kaolin. C’est aussi l’histoire d’une révélation personnelle.

Guillaume se divise par deux, entre masculin et féminin, yin et yang, nord et
sud, passé et futur. Un artiste gentiment bercé par des vents contraires. Comme
d’autres révélateurs, Léo Ferré, Etienne Daho ou encore Christophe, sorte de
conquérants solitaires qui lui auront aussi donné l’envie d’être toujours libre
et de faire de la pop l’art suprême du grand écart entre la légèreté apparente
et la complexité intérieure.

Entre la vie, celle que l’on donne, et la mort, celle de la mise à mort ordonnée
par le toréador, Guillaume est un équilibriste. Emporté par « Des ballons rouges
», chanson expulsée sur une impulsion d’urgence amoureuse, l’album s’identifie
aussi au phrasé si singulier du chanteur révélé. Entre voix câlines « La, la, la
», harmonies des garçons de la plage extasiés par le surf « On a tout réussi »,
et « talk over » bouleversant comme dans cette chanson clé « C’était vachement
bien ! », Guillaume enflamme tout ce que souffle sa voix. Qui finalement le
trahit gentiment et le raconte avec une subtilité qui devrait remplacer son
passeport d’identité. Guillaume n’a pas besoin de son nom de famille pour se
ressembler. Il a cette chance et a bien l’intention de la faire partager à tous
les enfants de la pop. Le conquérant est donc bien pacifique, pour nous plonger
dans son océan de souvenirs.

Aller Plus Loin :

Decouvrir les Ballons rouges et l’interview de Gillaume Cautillon sur
Toulouseblog TV

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