En inauguration du Weekend des Curiosités, jeudi 24 mai, nous avons rencontré les membres du quatuor parisien Stuck in The Sound, juste après leurs balances sur la scène du Bikini à Toulouse.
A quelques heures de leur concert, Arno (à la basse) et Emmanuel (à la guitare) nous ont parlé de la composition de leur 3e album « Pursuit », produit dans leur nouveau studio aménagé dans une cave de Montreuil (en Seine-Saint-Denis), tout en nous faisant des confidences inédites.
Pour votre 3e album, vous avez aménagé votre propre studio d'enregistrement, c'était important pour vous de vous réapproprier cet espace-là ?
Arno – C'était devenu nécessaire. Avant on avait un studio d'enregistrement où on pouvait travailler toute la nuit, mais on l'a perdu ! Et comme on est assez perfectionniste dans notre façon de travailler, on revient des centaines de fois sur nos morceaux, sur les arrangements etc., on avait donc besoin d'un lieu à nous, dans lequel on pouvait passer du temps.
Combien de temps a été nécessaire à la préparation de l'album ?
Emmanuel – On a mis 6 mois à le composer et une bonne année à l'enregistrer car on avait vraiment mis des tartines. On a fait beaucoup de tests aussi.
Vous aviez beaucoup de chansons ?
Emmanuel – Pas vraiment, mais on compose pas mal de riffs, des chansons pas toujours abouties, du coup on n'a pas beaucoup de faces b.
Quel est le processus de création du groupe, chacun apporte sa contribution ?
Arno – Ça dépend, ça peut être José (ndlr : au chant et à la guitare) qui bosse avec Manu qui va apporter un riff de guitare. Ça peut être aussi en travail collectif de répétition, où on va s'attarder sur quinze secondes d'un morceau ou retravailler un passage. Il y a aussi des structures d'arrangements qui sont remaniées par tous.
Et pour les textes ?
Emmanuel – D'habitude c'est José qui écrit. François (ndlr : à la batterie) aussi un peu. Souvent, il ont des mélodies qui arrivent très tôt, dès le début de la composition d'une chanson, les paroles arrivent souvent à la fin. Mais sur cet album, il y a une fille qui s'appelle Marie-Flore, elle-même auteur-compositeur, qui a bossé sur pas mal de morceaux. Donc c'est la première fois qu'on avait une touche un peu différente dans les textes, avec un point de vue féminin.
Dans cet album, on retrouve des chansons pop, d'autres plus criardes ou limite hardcore, est-ce que c'est une volonté de jouer plusieurs styles pour toucher un public plus large ?
Emmanuel – Toucher un public plus large oui, mais nous aussi on a des goûts variés, qui évoluent au fil du temps. Notre 2e album était très homogène, composé en un espace de temps très court et assez indie rock. Pour ce nouvel album, on avait envie d'autre chose, de partir dans tous les sens, de se faire plaisir, d'explorer des styles qu'on n'avait pas essayé avant.
Est-ce que vous pensez à la scène quand vous composez vos morceaux ?
Arno – Pas directement. On ne va pas faire le refrain stade en se disant qu'il va être joué en live. Le mot d'ordre de cet album "c'est on se fait plaisir avant tout". Et si les morceaux marchent en live, c'est tant mieux.
Vous avez donc plutôt adopté la structure de l'album dans votre set ? Comment l'avez-vous adapté ?
Arno – Je ne sais pas s'il y a un rapport direct avec le cd et puis le set évolue en permanence. C'est du retour direct de la soirée d'avant, est-ce que tel morceau a marché dans telle ville la veille ou pas.
Emmanuel – La playlist elle change quasiment tous les soirs. Par contre, ce qu'on ne faisait pas avant, c'est qu'on a une vraie pause au milieu du concert avec deux chansons calmes. On n'osait pas trop le faire avant et finalement ça fait du bien à tout le monde.
Votre album est sorti en janvier, que pensez-vous de l'accueil qui lui a été fait ?
Emmanuel – C'est le meilleur accueil qu'on ait reçu depuis le début. On a touché plus de monde, il y a eu un cap de passé. Il y a plus de monde en concerts, les gens chantent même nos anciens titres.
C'est ce que vous espériez pour les 10 ans du groupe ?
Arno – Produire notre album oui, c'est ce qu'on espérait depuis le début. Et puis il fallait bien 10 ans d'expérience pour en arriver là, avoir du recul sur les méthodes de travail et la maturité. Voilà le mot est lâché ! (rires)
Concernant le clip de "Pursuit", dans lequel on voit des scènes de films, qui a eu l'idée ?
Arno – C'est un ami de José à la base qui avait fait ça pour le mariage d'un pote. Il avait mis sa tête sur le corps d'Highlander. Il nous l'a montré et on a trouvé ça génial. Du coup, on a eu envie de reprendre le truc avec un de nos morceaux. On s'est donc fait scanner, mis en 3D …
Emmanuel – Et on y a mis tous nos films préférés dedans. On a bien rigolé quand on voyait les différentes phases du montage.
Quelles sont vos prochaines dates ?
Emmanuel – On arrive à la saison des festivals, on a donc pas mal de dates prévues. Le Main Square à Arras début juillet, suivi des Vieilles Charrues, Rock en Seine fin août, en passant par Calvi, le Rock dans tous ses états. On part aussi bientôt à La Réunion.
Avec la tournée, vous arrivez à maintenir un rythme de composition ?
Emmanuel – On a été très pris dernièrement car on a fait toute une série de dates. Mais au mois de juin on a du temps libre et on espère donc sortir de nouveaux titres qu'on pourra jouer en live ou diffuser sur Internet, sans attendre le prochain album.
Que pensez-vous du concept du festival des Curiosités qui permet à des groupes montants de jouer sur scène ?
Arno – On aime bien le concept, surtout qu'on a longtemps été à leur place.
Emmanuel – Ce soir, on joue avec Hyphen Hyphen, on a souvent joué avec eux. On s'entend bien. Sur la route, on croise un peu les mêmes groupes. C'est là que tu vois qui sont les groupes qui montent, les têtes qui reviennent et qui font des dates.
Quel regard portez-vous sur ces nouveaux groupes qui émergent ?
Emmanuel – A nos débuts, le groupe à la mode c'était The Libertines, du coup il y avait pas mal de jeunes qui jouaient du rock, vite et mal, puis les synthés sont arrivés. C'est marrant de voir cette évolution de l'intérieur.
Et pour finir sur un registre plus léger … Quel est votre premier cd acheté ?
Arno – C'était sûrement une cassette déjà ! (rires)
Emmanuel – Des compils dégeu de dance.
Arno – On les a tous je crois !
Emmanuel – Les Boyz II Men pour ma part. Je n'en suis pas très fier. Mais finalement le premier cd, ça devait être un truc bien.
Arno – Moi c'était "Get a Grip" d'Aerosmith pour inaugurer ma première chaine hi-fi.
Quelle est en ce moment la chanson qui vous énerve ?
Arno – La dernière de Simple Plan ou des chansons avec des chœurs d'enfants.
Si vous deviez avoir une collaboration de rêve, ça serait avec qui ?
Arno – Dave Grohl !
Emmanuel – Ah ouais on serait tous d'accord là !
Si vous pouviez prendre possession d'un corps ?
Emmanuel – Celui de Brad Pitt sur la Croisette !
Arno – … ou le corps de James Bond pour voir si Dieu existe ! (rires)
Crédit Photo : Marc Nguyen