Le leader des Têtes Raides, Christian Olivier, débarque en solo au Metronum de Toulouse ce vendredi 15 avril. Rencontre avec l'auteur du très bel album "On/Off"
Après l'aventure Têtes Raides, Christian Olivier est de retour avec une nouvelle proposition. On/Off , son nouvel album, est sorti le 25 mars 2016 et il sera en concert ce 15 avril au Metronum.
Pendant trente ans, Christian Olivier fut le chanteur des Têtes Raides, groupe mythique de la scène française. Les Têtes raides ont marqué le public français avec des titres forts, et des prestations scéniques remarquables. Alors que le groupe est en hibernation, le leader décide de partir en solo pour préparer son album solo On/Off. Si on reconnait la voix des Têtes Raides, Christian Olivier a fait la part belle à la guitare dans un excellent album. Une nouvelle aventure du haut de ses 52 printemps.
A l'occasion de sa venue à Toulouse, nous avons discuté de ce projet solo avec Christian Olivier. Rencontre !
Vous serez à Toulouse vendredi soir pour présenter votre nouvel album, le premier en solo, On/Off, sur la scène du Metronum. Comment allez vous et que représente cette date dans votre tournée ?
Déjà je vais bien comme le dit la chanson de l'album. Il me tarde véritablement Toulouse, car à chaque fois, il y a une histoire qui s'est passée. Avec mon projet solo, j'espère en écrire une nouvelle. D'abord un petit saut à Bourges avant d'arriver à Toulouse. Ça sera aussi la première fois au Metronum, puisque avant, avec les Têtes raides, on avait nos quartiers au Bikini. Ce concert est aussi l'occasion de recroiser des amis, et se souvenir d'un tas de choses dans cette ville.
Forcément, quand on revient avec un projet solo après 30 années de scène avec les Têtes raides, il doit y avoir quelques différences ?
Il y a autre chose qui se joue. Physiquement, la démarche est la même. Si j'étais sur le devant de la scène avec les Têtes Raides, là, je propose quelque chose de plus personnelle. Je suis plus attendu aussi, car, je propose quelque chose de différent des Têtes Raides. J'ai écris pour autre chose que le groupe, je propose différentes choses qui se sont construites au fil des rencontres. Puis, je travaille aussi avec des musiciens, différents de l'album, mais de très grands artistes. On a déjà fait trois dates, on commence réellement à savourer maintenant.
Comme je le disais, à Toulouse, vous présentez votre album On/Off après 30 ans en groupe. C'était le moment de s'émanciper des Têtes Raides ? Vous aviez d'autres choses à dire ? D'autres univers à explorer ?
Totalement. Je voulais dire autre chose musicalement et dans mes textes. Si l'écriture est sensiblement différente, c'est surtout dans les sonorités et la musicalité de l'album que je voulais plonger mon travail. Mettre en avant les guitares, trouver une nouvelle harmonie puis mon chant et mon interprétation ont bougé avec cet album.
A l'écoute, on sent évidemment la présence des guitares, plus qu'avec les Têtes Raides. Comment est venu cette envie d'utiliser ces sonorités ?
C'est une envie dès la composition. Les compos sonnaient très guitare. C'est au sens large que je voulais que ça prenne de la place. Pas uniquement des leads ou des backs, mais utiliser toute la gamme et tout le savoir faire des guitaristes qui partagent l'album. J'ai fait appel à 5 guitaristes qui ont pu apporter leur touche à eux.
Notamment Edith Fambuena qui a co-réalisée l'album. Qu'est ce cette collaboration vous a apporté ?
Tout à fait, en plus d'être guitariste elle même, elle co-réalise l'album car elle possède une oreille assez incroyable. Je cherchais des sons urbains, des sons de machine sans que la machine prenne le dessus sur le reste. Edith est très créative dans le recherche des sons. Elle amène son son, et a proposé des boucles qui sont sur l'album. C'est un album très travaillé dans sa production.
Vous parlez de sonorité urbaine, on ressent justement ce son actuel dans l'album…
Merci ! Le son de la musique actuelle me plaît énormément. J'aime le mélange qu'on a su trouver entre la musique actuelle, le rock et le blues. C'est assez brut, dansant, parfois tribal : ça sonne contemporain.
Du côté des textes, c'est un album assez optimiste prônant l'humain et le vivre ensemble notamment. C’était l'idée de départ d'aller vers la lumière et l'optimisme ?
Quand j'écris, c'est pas conceptuel du tout. Je commence à écrire puis je vois où cela m'amène. Pour Laisser la place, c'est une chanson assez profonde par le texte mais où il y a toujours un sourire qui se glisse. Qui traîne. Vue la période actuelle, je voulais partager ces couleurs. Cette envie de danser, de partager, de vivre ensemble. Je reste un humaniste affirmé !
Vous évoquez d'ailleurs le temps qui passe dans « Laisser la place ». Est ce que le temps a une emprise sur vous ?
Le temps a une emprise sur tout, sur chacun de nous. On ne décide de rien vis à vis du temps, il est là, et il fait son chemin sans nous consulter. On vit avec, on doit vivre chaque moment, et profiter de chaque instant. Comme lors d'un concert, ou même partir sur des projets comme celui là.
Il y a aussi des chansons comme Democramotie ou même Dieu qui sont assez fortes. Dans l'écoute de l'album on sent qu'il est très post-2015. Est ce que les événements du Bataclan et de Charlie Hebdo ont joué un rôle dans cet album ?
Je ne sais pas, mais en tout cas, c'est assez présent de toute façon. On écrit dans un espace temps, une période donc forcément l'album arrive dans une période où il se passe des choses et donc ça influence inconsciemment ton écriture. Pour Démocramotie, je l'ai écrite en avril 2015 après Charlie et avant le Bataclan, c'est sous-jacent : c'est bien là ! Mais c'est pas que ces attaques qui entrent en jeu. Il n'y a pas que ça. La société bouge, il se passe beaucoup de choses. Fallait écrire sur la société, voir ce qui existe encore, sur où on en est de la démocratie et ce qui faudrait réinventer. Il y a des choses, comme dis le titre ON/OFF, qu'on doit mettre sur Off et d'autres sur On. Il faut réinventer certaines choses comme le fond les gens place de la République pour Nuit Debout. Retrouvons notre imaginaire.
Y a t-il une chanson centrale selon vous dans cette album ?
Avec internet, on écoute la musique chanson après chanson, en aléatoire. Moi, je continue à voir l'oeuvre en entière : un début et une fin ! C'est pourquoi je continue a faire des albums. C'est toujours compliqué pour moi de choisir une chanson, car je vois ma musique comme un recueil.
D'ailleurs en parlant d'internet, et on évoquait les 30 ans des têtes Raides, quel regard portez vous sur l'évolution de la musique depuis trois décennies ?
A la fois, il y a une liberté totale , et, à la fois, il n'y a plus de grands mouvements comme le rock, le punk…Dans la musique, il y a encore des choses très bien, mais il manque quelque chose. Mon dernier coup de cœur remonte à Amy Winehouse.
Pour la suite, envisagez vous de reprendre rapidement l'écriture pour un autre solo ou c'est uniquement une période de scène ?
Pas encore, ça reste un album trop frais pour le moment. Je suis à ma quatrième date à Toulouse, donc je me focalise la dessus. Je dois vivre pleinement chaque instant.
Pour finir l'interview, et comme vous commencez l'album avec « Je crie », qu'est que vous avez envie de crier à l'instant présent ?
Toute de suite ? J'ai faim (rires) ( NDLR : l'interview a été réalisé à 11h30). Je me suis levé très tôt ce matin, donc il me tarde de manger ! Après niveau cris, ils sont tous dans l'album. J'y ai tout mis ! Puis, il y a les moments de concert où je vide mes sacoches.
Christian Olivier en concert
Vendredi 15 avril à 20h au Metronum
Réservations : 05 62 73 44 77 ou www.bleucitron.net