Ce soir, le groupe XLR sera en concert au Connexion Live avec Set&Match. Rencontre avec Darryl Zeuja, tout droit échappé pour l'occasion de 1995.
Formation de quatre artistes aux influences puisées aussi bien dans le Hip Hop que dans le jazz et la soul, XLR est un groupe surprise sur la scène rap actuelle. Leur premier album, "Rue du Bon Son", est un claque. XLR, c'est Une rencontre artistique et amicale liée par un projet ambitieux : faire un album qui leur ressemble, sincère et résolument urbain.
Oner et Skelta du groupe Nca Crew , Darrul Zeuja ex-Areno Jaz de 1995 et Juxebox de RueDuBonSon forment l'alliance passionnée de XLR . Rencontre avec Darryl Zeuja.
Pour commencer, qui es-tu ? Comment est né le projet XLR ?
Du coup, je suis Darryl Zeuja, ex-Areno Jaz du groupe 1995. C'est un blaze que j'ai pris lors de mon premier EP solo il y a deux ans de ça. Un premier solo où j'ai fondé mon label et où je me suis entouré d'ingé sons et de beatmakers talentueux, qui sont aussi MCs. Et de là, on a formé le projet XLR. C'est né surtout de la bonne ambiance et de l'amitié avec mes compères lors de l'enregistrement. Quand t'es en studio tous les jours, il y a des moments plus intenses que d'autres, et tu te rapproches des autres. J'ai eu donc envie de monter un projet avec ces mecs-là.
Le fait de partir sur un autre projet que 1995, c'est le besoin d'être en continue dans un processus créatif ?
Avec 1995, on kiffe ce truc de rapper sur plusieurs projets. On a tous d'autres crews en plus de la maison mère. Après pour l'écriture, on écrit constamment. C'est naturel même. Je prend XLR comme un album concept, un truc en plus. Un numéro hors série.
Tu es assez prolifique entre les albums de 1995, XLR et tes projets solos, Tu as un besoin constant d'écriture ?
Je le formulerais pas comme ça. L'aspect rap et la musique, j'en écoute tous les jours. J'en fais tous les jours, j'écris tous les jours. Mais plus comme une habitude. On, et quand je dis on je parle de 1995, on écoute des sons dans tous les sens. On nous en envoie beaucoup, alors au lieu d'attendre d'être tous réunis pour proposer quelque chose, on travaille les sons qui nous plaisent directement. Après 95% des morceaux n'aboutissent pas. J'aime l'ambiance de créativité aussi. J'ai besoin de chercher de nouveaux thèmes, de nouveaux concepts tout le temps. Et puis, quand je vois par exemple une pochette ou un clip, ça me donne aussi envie d'en faire et de maîtriser ça. C'est un boulot plaisir ! On a tous envie de faire de la musique, de réussir que ce soit en projet solo on en compil. C'est la force de notre histoire.
A titre personnel, comment as tu découvert la musique et comment est né l'envie d'en faire ?
La musique, j'en ai toujours écouté petit avec trois grands frères pour le rap, et des parents pour le côté rock et reggae. C'était un univers plus ou moins sonore chez moi. L'élément déclencheur, le grain de sel, c'était le maxi d'Hocus Pocus en 2001, « J'suis Malade » de 20Syl. Il y explique être malade de rap, et j'ai pris une grosse gifle. C'est le premier rappeur qui m'a vraiment fait kiffer. J'écoutais beaucoup de rap avant, mais ce fut l'élément déclencheur. J'ai compris et appris les techniques du rap, puis je me suis lancé. J'oublierais jamais ce son. Au niveau rap, j'ai un vrai respect pour 20Syl. On le connaît désormais pour ses sons, qui sont excellent, mais le MC est exceptionnel.
Tu as fondé ton propre label Jihelcee Records. C'est important d'avoir son propre label ?
Aujourd'hui, c'est important d'avoir son label pour maîtriser tous les aspect d'un travail. Même si il faut beaucoup bosser, on peut maîtriser toutes les étapes de la sortie d'un disque, d'un morceau…de tous contrôler de A à Z . C'est de l'artisanat, comme un menuisier qui fait une bibliothèque sur mesure. On essaye d'être pro, de jouer dans la cour des grands mais en gardant ce côté artisanal qui nous est propre. C'est un label où les artistes peuvent amener ce qu'il veulent et faire leur son de A à Z sans contrôle.
En travaillant avec plusieurs groupe, puis en solo, ton écriture change. Est-ce que cela t’apporte une plus grand liberté de création ?
Carrément. Ça change. ! Je me sens bien dans plusieurs groupes car ça me permet d'envisager plusieurs manières d 'écrire. Ce que j'aime par dessus tout dans l'écriture collective, c'est qu'on aborde des thèmes différents que je n'aurais pas fait seul dans mon coin. Avec XLR ou 1995, il y a plein de morceaux que j'aurais pas fait. Mais là en groupe, on est toujours à réfléchir, à se contre dire, c'est dans ces expériences enrichissantes qu'on apprend. J'aime le partage dans la musique, c'est essentiel. Et puis, quand tu connais les galères et qu'après tu vois la production, on relativise grave.
Tu parles souvent de 1995. Comment as-tu vécu le succès énorme du groupe l'an dernier notamment avec la sortie de l'excellent Paris Sud Minute ?
Oui, je suis hyper fier du succès de 1995. Après, c'est comme la face immergé de l'Iceberg : on ne voit pas toutes les galères qu'on a vécu ensemble. Les gens comprennent pas que c'est comme une grande famille, loin des commentaires, et ça n'a pas toujours été facile pour nous. Quand on réécoute des morceaux, ou mêmes des phases de certains titres, on se souvient de certains moments. De l'extérieur, tu remarques juste des mots ou une idée globale. Mais de l'intérieur, quand tu connais les conditions de l'écriture, ben ça nous bouleverse encore. Mais on est carrément fier de ce qu'on fait.
La célébrité ne vous a donc pas changé ?
En tout cas, on est toujours pareil. On évolue après 4/5 ans de 1995. Mais les même mecs du débuts sont toujours là. Avec plus de maturité et plus d'envie même. C'est pas une fin en soi car on kiffe notre son et on va continuer longtemps à faire kiffer les gens. Notre but, c'est d'attraper le plus de monde, les flash c'est carrément pas notre but premier. Et je ne pense pas que ça le sera.
Revenons à XLR. Comment me vendrais-tu ce premier album « Rue du Bon Son »?
Je le vendrais comme…c'est compliqué. Je dois dire que je suis particulièrement fier de cet album. Comme il y a toujours des menteurs qui sortent les mêmes mots en parlant de leurs albums, alors que moi c 'est plutôt vrai, je dirais que dans l'intention il est simple et sincère. Il nous définit bien jusqu'à la pochette prise dans une rue à côté de notre studio. C'est un album qui représente un instantané de notre vie. C'est un truc honnête et sincère.
Quel est pour toi le son central de ton album ?
Comme track favori, je dirais « Elle ». J'en suis hyper fier. Après, je vais gruger ta question, en rajoutant « Rue du Bon son ». J'ai milité pour ce son et il me fait grave kiffer. En plus, c'est le nom de l album. Il représente, en tout cas, bien l'album dans son ambiance.
Personnellement, je trouve que ton rap a évolué. Même sur le dernier album de 1995. Est-ce que la scène t'a permis de faire grandir ton rap pour en faire ce qu'il est aujourd'hui ?
J'ai beaucoup taffé pour ça. Entre deux albums, on s'arrête jamais de progresser, d'essayer de trouver de nouvelles techniques. La scène accélère le processus de ces techniques acquises. Si au départ t'es pas à l'aise, maintenant, je sens vraiment que je suis capable de faire plein de choses. J'ai purifié et donné plus de possibilité à mon rap. À mon flow. En mode live, je peux me permettre de rapper différemment grâce à un travail de souffle intense. La scène a donc forcement changé mon écriture car je peux me permettre de nouveaux enchaînements. Je suis content que les gens voient mon nouveau style d'écriture. Les gens ne se rendent pas compte normalement du travail fournis, donc ça fait plaisir de les surprendre.
Questions bonus :
Quel personnalité aimerais-tu être ?
Un acteur, genre Pierre Niney.
Si t'étais un mouvement politique ?
Je serais une révolution. Un truc vénére jamais content.
Premier souvenir de concert ?
C'était avec 1995, à l'ancienne, un peu sérieux comme date. On faisait la première partie de Booba à Avignon. Il y avait 7 premières parties. Les autres, c'étaient six Booba en force. On les a pas calculé. Et dans la salle, il y avait une quinzaine de personnes qui étaient là pour nous. C'était énorme.
Ta principale qualité ?
Je connais mes défauts
Ton principal défaut ?
Je connais mes qualités
Enfin, que penses tu de Darryl Zeuja ?
J'ai beaucoup de respect pour lui car c'est pas facile. Il doit faire face au mensonge et à l’hypocrisie de ces contemporains. Je l'aime bien et je lui souhaite beaucoup de réussite car je sais qu'il bosse dur.
Album en télechargement sur itunes : https://itunes.apple.com/fr/album/rue-du-bon-son/id734658866
XLR + SET&MATCH + FILS DE PLUME
VENDREDI 04 AVRIL 2014 ? 20H30
LE CONNEXION LIVE ? TOULOUSE
Locations : 17 euros sur www.bleucitron.net ou au 05 62 73 44 77