mercredi , 2 avril 2025

Interview de The Dodoz :  » Les Dodoz, ça s’arrêtera jamais! »

Des morceaux tranchants, un groupe fidèle, The Dodoz débarque à la Dynamo ce soir pour démontrer un talent indéniable; pour l'occasion, The Dodoz nous offre une interview fleuve entre révélation et amour musical.

Commençons. C'est un groupe, c'est The Dodoz. Toulousains, amis et croyants… croyants dans la musique. Leur musique. En l'espace d'une poignée d'années, le groupe emmené par la voix de Géraldine, charmante de surcroit, a su conquérir un public pas forcément acquis à leur cause au départ. Entourée de trois jeunes hommes plus brillants les uns que les autres, Vincent, Adrien et Jules, Géraldine envahit l'espace du cortex où le son se frotte névrotiquement aux mots, aux mélodies. Nous, on adhère. Alors quand ils se préparent à sortir un nouvel album, ou encore, à remonter sur scène, nous on ne peut pas passer à côté d'une rencontre. Terrasse d'un café place Saint Pierre. Malgré le vent, les quatre amis sont prêts à se dévoiler. A leurs côtés, on se sent proche : interview ou plutôt discussion avec d'un groupe talentueux nommé simplement The Dodoz.

Commençons par le début tout simplement : Qui sont les Dodoz ?
Adrien : Les Dodoz sont un groupe de rock teinté de pop !! Ils sont formés de Jules, Géraldine, Adrien, Vincent. Jules à la guitare, Vincent à la guitare, Géraldine à la basse et au chant et Adrien, moi, à la batterie. Voilà ça suffit. Après, on fait aussi les choeurs, mais c'est ça en gros les Dodoz.

Au début, c'est une histoire de potes qui décident de faire de la musique sur les bancs du lycée, non ?

Adrien : La formation s'est même faite sur les bancs du collège. Avec Jules, on avait 14 ans, eux ils étaient à peine plus âgés. Donc, on faisait du skate avec Jules et Vincent. Notre première passion. Quand on rentrait après une session, on faisait pas mal de musique. Au fur et à mesure, on en a fait de plus en plus. Et Géraldine est venue avec nous, et là on a commencé à faire des vraies chansons. Donc voilà, la musique a pris le dessus sur le skate.

Vous faites encore du skate en plus de l'importance qu'ont pris les Dodoz ?

 Adrien : Non, on a du faire un choix. La musique nous prenait plus de temps. Il y avait les concerts, les trucs comme ça. Et c'était dangereux si on se cassait quelque chose. En fait, on commençait à faire du skate à un niveau de plus en plus haut. Donc, on prenait un peu plus de risques. On a du faire un choix, on a choisit la musique.

A quel moment avez-vous su que la musique était le plus important ? Et, ainsi passer à quelque chose de plus sérieux.

Adrien : On ne s'est jamais dit que ça devait être sérieux. On faisait ça en amateurs tout simplement. On aimait ça, on faisait plein de concerts dans plein de bars à Toulouse. Des trucs tout petits mais géniaux. C'était évident pour nous qu'on voulait aller le plus loin possible sans  réfléchir à une histoire avec un objectif professionnel. C'était juste l'envie de jouer le plus souvent possible ensemble, que ce soit notre vie. On a mis toutes les chances de notre coté.


Internet vous a propulsé sur le devant de la scène mais pas seulement : il y a eu l'aventure de la compil CQFD du magazine Les Inrocks.

C'est une belle étape ça Les Inrocks. C'est un ami toulousain qui réalise des choses pour des groupes qui nous a repéré,  qui a envoyé des démos à Paris et notamment aux Inrocks. C'est grâce à lui qu'on est passé dans la compil' CQFD. C'est comme ça  qu'on a trouvé notre label. C'est un peu une étape décisive.

Dans votre musique, les références sont importantes. Ont-elles évolué depuis le début ?
Adrien :Un peu tout le temps les mêmes. On a évolué avec ces influences, mais ça reste toujours les mêmes. Les vieux trucs des années 60-70-80, Talkings gates, David Bowie, the Smith, Televison, the Doors, les Clashs, les Sex Pistols.
Jules : On a toujours écouté des choses différentes, mais on se rejoint sur des trucs en commun comme les Clashs. Au niveau des références, on a amené un peu de nous pour trouver notre son. Dans les groupes récents, il y a eu Block Party, les Strokes. On était tous d'accord là dessus. Pour les groupes plus anciens, on a tous amené quelque chose.


D'ailleurs, on compare pas mal les Dodoz aux Strokes ou encore Les Whites Stripes.

Adrien : Oui, ce sont des groupes qui nous ont influencé.
Jules : C'est toute la vague des années 2000 qui nous a donné envie de faire du rock.
Adrien : Moi, c'est par là que j'ai commencé à écouter du rock. C'est à 11 ans quand le premier album des Strokes est sorti mais aussi les Whites Stripes, King of Leon et tout le renouveau du rock qui m'a fait aimer le rock. Après je me suis tourné vers les vieux trucs.
Jules : Moi, c'est différent. J'ai commencé par les vieux trucs. Au début j'aimais pas trop les Strokes.
Géraldine : Moi j'ai eu ma période années 90. J'ai commencé par écouter Radiohead. J'écoutais à travers le mur de la chambre de ma soeur mais après j'ai découvert avec eux les trucs plus vieux.


Le chant est venu dans cette période Géraldine ou bien plus tard ?

Géraldine : C'est venu comme ça. Je faisais déjà de la musique : du piano, de la guitare. Quand je les ai rencontré, on était amis, on traînait ensemble, eux faisaient de la musique. Donc voilà. A l'époque c'est moi qui chantait le moins mal de tous.
Adrien : On chantait même pas. J'y ai réfléchi la dernière fois, on a même pas essayé de chanter.
Vincent : Si, si tu chantais quand on reprenait du White Stripes. Mais, c'était pas terrible.
Géraldine : Ils étaient surtout en train de muer. Mais au final, j'adore chanter donc c'est parfait dans un sens.


A vous voir sur scène, c'est quelque chose d'unique pour vous. De primordial ?

Géraldine : C'est le principal truc…
Adrien : …même primordial oui. Après on a adoré aller en studio. C'est un processus différent, c'est super de se retrouver dans un studio. Mais, après le live, c'est par là qu'on a commencé, c'est par là qu'on finira. Quand on part en tournée, c'est comme partir en colonie de vacances. J'aime tout ce qu'il y a autour : le principe du concert, l'énergie du concert, l'échange avec les gens…
Géraldine : C'est le moyen d'expression le plus fort de jouer en direct..
Adrien : …ça défoule, c'est inexplicable. C'est un truc spécial. Un truc de précis mais en même temps de tellement aléatoire.


Au début, personne ne vous connaissait. C'est difficile de jouer devant un public qui ignore qui vous êtes. Notamment en première partie ?

Géraldine : c'est spécial. Après, pour Beady Eye à Paris (NDRL: mi-mars the Dodoz a fait la première partie de Beady Eye à Paris et Toulouse), c'était dur car c'est des fans hardcore d'Oasis qui n'attendaient que ça.
Adrien : C'est difficile quand des gens veulent pas écouter. Ou même pas savoir. Quand ils ne connaissent pas, et qu'ils veulent écouter, c'est super agréable. Tu pars sur une page vierge en quelque sorte. Les gens ne savent pas qui tu es, et ils te regardent comme ça. C'est hyper agréable.
Géraldine : C'est vrai, après il y a plein de publics cools qui veulent découvrir notre musique. Cela change. Tu as envie de les convaincre quand ils te regardent. Ils attendent quelque chose qu'on veut leur donner.
Adrien : Après tu as des publics chiants qui crie le nom de l'autre groupe en attendant…
Géraldine : …c'est bon ils vont arriver ! A Toulouse, c'était plutôt cool (NDRL, les Dodoz ont fait la première partie de Beady Eye au Bikini). Les gens nous connaissent. Ils savent qui nous sommes donc c'est plutôt agréable.


Vous avez une bonne réputation à Toulouse…

Adrien : Maintenant, oui. On en a eu une mauvaise à un moment. Là je sais pas comment elle est.  Ça dépend des périodes.

C'est à dire une mauvaise ?

Adrien : Pas une mauvaise. Une période de jalousie…
Vincent : Quand on est sorti du lycée, et quand on a commencé à signer un peu et avoir une petite réputation, nombreux sont ceux qui ont cracher sur nous. Même les gens qui nous voyaient de loin, ils nous voyaient comme des gamins
Jules : Les gens voyaient le groupe du lycée. Donc la réputation s'est basée plus sur notre âge que sur notre musique.
Adrien : Il y a plein de gens qui venaient nous voir et nous disaient  « Les Dodoz, c'est de la merde » sans jamais avoir écouté un seul son. L'âge, quand tu débutes dans le rock en France, ça se joue sur la réputation. Mais, on a eu des rumeurs extraordinaires.
Géraldine : Moi, un mec m'a dit « j'aime pas la voix du chanteur ». Merci pour moi.
Vincent: On nous a même dit qu'on avait fait la première partie des Rolling Stones. Je suis pas au courant.
Adrien : Mais, la vague est passée. Et, beaucoup viennent s'excuser, et nous suivent un peu plus. Je crois que c'était une période où vraiment personne ne savait qui on était. Maintenant, le regard a changé.


Il y a beaucoup de groupes qui ont une réputation de baby rocker auprès du public sans jamais avoir écouté un seul titre. C'est une différence notable avec l'Angleterre où le rock commence vraiment au lycée.

Adrien : Je suis entièrement d'accord. Artics Monkeys s'étaient fait démonter au début…
 Vincent : Là bas, ils disent pas que t'es un bébé rockeur si tu commence à 17 ans, alors qu'ici, tu débutes jeune, t'es un bébé rockeur. Ça veut dire quoi, on ne sait pas !


Une étiquette qui a tué pas mal de groupe.

Adrien : Tous les groupes parisien, les Naast, tous ça… c'est dommage !

Dans un contexte comme celui là, vous avez la primauté de sortir un deuxième album très attendu.

Adrien : De tout façon, c'est pour ça qu'on ne voulait pas monter à Paris. Car Toulouse, c'est notre ville. On se dit qu' on voulait faire notre truc ici depuis le début, qu'on ne voulait pas chanter en français car on n'aimait pas ça. Alors que les maisons de disques voulaient que cela se passe comme ça. Donc, on sort un deuxième et un troisième même si plus tard, on doit faire nos albums tout seul. On restera dans notre bulle. Histoire, de ne pas avoir d'étiquettes qui détruiraient le groupe.

Tu parles de ne pas vouloir évoluer en français. C'est une évidence de chanter en anglais d'ailleurs ?

Adrien : On ne s'est jamais trop posé la question. Quand tu fais des reprises en anglais, la compo naît forcément en anglais donc voilà. Les gens nous ont demandé pourquoi on ne chantait pas en français. C'est comme ça.
Géraldine : C'est vraiment pas naturel pour nous.
Adrien : Quand on compose, les mots viennent naturellement. Évidement, si on avait un style de musique plus chanson, un truc comme ça, tu as des références françaises. Mais, on n'a rien écouté de rock français à part Noir Désir. On ne voulait pas faire du Noir désir. Notre cœur penchait vers tous ce qu'on écoutait aux États Unis. Un rêve de gosse.


L'intérêt, en plus de coller à un style musical, de chanter en anglais, c'est aussi de pouvoir s'exporter plus facilement, non ?

Adrien : On est allé en Angleterre. On a joué pas mal de temps là bas, c'était vraiment bien. Il faut qu'on y retourne. Ces derniers temps, on s'est concentré sur la France avant un éventuel retour en Angleterre. Et puis, on a adoré jouer dans les petits clubs là bas. Et comme tu dis, l'idée de chanter en anglais permet d'envisager de s'exporter partout : au Japon, aux États Unis…

Comment se passe le processus créatif au sein du groupe ?
Vincent : Je fais tout…
Adrien : …de A à Z…
Vincent :… les photos, les paroles, je me fais bien plaiz'… (rire)
Géraldine : On fait tout à quatre. Chacun peu arriver avec une idée, sauf Jules (sourire), et puis ensuite on fait un peu du ping pong entre nous, on rajoute des idées. C'est vraiment tout à quatre.


Pourtant, certaines paroles, on a l'impression que c'est toi qui est derrière l'écriture ?

Géraldine: ça dépend des chansons…
Jules : Souvent. Là, ça change un peu, mais sur le premier album, c'est Géraldine qui collait les paroles aux morceaux.
Adrien : On composait les mélodies d'abord, puis après Géraldine collait les textes. On était tous les quatre en répét', on réalisait des parties instrumentales avant le reste…
Géraldine : Avant, on avait l'air avant les paroles. Encore une fois, c'est pour le premier album. On ne fait plus comme ça.
Adrien : On essaye une autre façon de composer. On se focalise surtout sur l'instrumental avant toute chose pour être sur d'avoir une base solide. C'est ce qui fait en partie notre force… ou pourquoi certaines personnes nous aiment car ça change des fois des chansons qui sont chansons/chansons. On casse le moule pour qu'il nous ressemble.

 
Vous n'arrivez jamais avec des paroles pré-écrites ?
Adrien : Géraldine parfois arrive avec une chanson, ou plutôt des accords et des paroles en yaourt qu'on travaille par la suite.
Géraldine : C'est plutôt un yaourt qui est amélioré au fur et à mesure pour trouver un titre qui nous ressemble.

On parle de la création, mais le prochain album, pour quand est-il prévu ?
Vincent : Il y a déjà un EP qui sort ce lundi…
Jules : Oui, qui s'appelle Happy Soldier. Où il y aura deux titres de l'album : Happy Soldier et West Coast et deux titres inédits qu'on a enregistré lors de la session de l'album. Ils ne seront que sur le EP.
Vincent : Là dessus, on va faire quelques dates. Et après, à priori, l'album soit il sort avant l'été soit en septembre prochain. On le saura bientôt tout dépend du label.
Géraldine : On a aussi voulu sortir quelque chose pour pouvoir tourner avec, comme on t'a dit, pour nous les tournées c'est primordial. Et, là s'arrêter 6 mois, on n'en pouvait plus. On avait vraiment besoin de reprendre le chemin de la scène.

Pour attendre la sortie de l'album, et donc pour reprendre le chemin de la scène, vous vous arrêtez à la Dynamo de Toulouse. C'est une envie de jouer dans cette salle ?
Géraldine : On est allé voir des concerts là bas, et on a trouvé la salle parfaite pour nous.
Vincent : Elle existe depuis un an, et Toulouse en avait vraiment besoin. Surtout, en centre ville avec cette capacité d'accueil.
Géraldine : Toulouse avait besoin de cette salle middle. Réellement.
Jules : On a même fait chier notre tourneur pour y jouer. On voulait vraiment jouer à la Dynamo. C'est la salle dont on rêvait à Toulouse. On se demandait pourquoi il n'y avait pas de salle en mode club en centre ville avec quand même une scène pour s'y produire. Nos prières ont été entendues. On aime surtout les concerts proches du public, où il se passe quelque chose. Où le public est surexcité, un peu le bordel, l'excès. La Dynamo se prête à ça. On a toujours aimé les petites salles. Où tu sens le public donc la Dynamo c'est parfait.
Adrien : Au début, on nous avait proposé le Bikini. J'adore cette salle. Elle est parfaite. Mais, il faut remplir 1500 personnes… on n'a peut être pas encore cette capacité. La Dynamo, c'est 250 places. On préfère une salle comble qu'une salle à moitié vide. Mais on compte jouer au Bikini, c'est vraiment la référence en matière de salle rock.


On va finir sur une mauvaise note, et si les Dodoz s'arrêtait aujourd'hui…

Vincent: Envoie moi une corde…

…non mais dans des interviews qui fleurissent sur la toile on évoque la possibilité de reprendre les cours ?

Vincent: C'est l'inverse…
Adrien : C'est des déformations…
Géraldine : …ils ont peut être interviewé nos parents..
Vincent : Les Dodoz, ça s'arrêtera jamais. Ça peut pas s'arrêter. On est trop amis pour qu'un jour on arrête tout.
Jules: Même si, cela devait s'arrêter, on continuera à faire de la musique. C'est même pas envisageable.


Dernière question : qu'est ce que pour vous une bonne chanson ?

Jules : C'est une chanson dont tu ne te défais pas. Je sais que c'est une bonne chanson pour moi, quand je l'écoute en boucle sans jamais m'en lasser. Il y a pas de règle par contre.
Vincent : Quand tu l'as écoutée 50 fois sur i tunes, tu sais que c'est la bonne.
Jules : Peu importe la durée, le schéma, elle doit être addictive et tu ne sais pas pourquoi.

The Dodoz à la Dynamo, mardi 29 mars à 20h.

The Dodoz –  Werewolf in Love :
 
 

A voir aussi

L’échappée country-folk d’Adé fait escale au Bikini !

Le jeudi 3 avril 2025 à 19h30, Le Bikini à Toulouse vibrera aux sonorités douces …