mercredi , 2 avril 2025

Interview – Les Fatals Picards, toujours au Septième ciel !

Les Fatals Picards continuent leur aventure avec une nouvelle tournée, une date toulousaine ce soir au Bikini, et un nouvel album Septième ciel. Rencontre avec l'un des piliers du groupe, Jean-Marc Sauvergnargues.
 
Les Fatals Picards, groupe incontournable de la scène rock française se produiront sur la scène du Bikini  ce vendredi 7 mars.  Un disque qui, comme à son habitude, servira de prétexte à ce célèbre groupe de rock français coupable de plus d’un millier de concerts à se poser les seules questions qui méritent aujourd’hui de l’être : y’a t’il des punks au Liechtenstein ? Peut-on twister à Fukushima ? Battre sa femme est-il mauvais pour la stabilité de son couple ? Quand un pilier de comptoir s’effondre, le comptoir en fait-il autant ? 
 
A l'occasion de leur nouvelle venue, rencontre avec un membre originel des Fatals Picards, le batteur Jean-Marc Sauvergnargues. Ce dernier nous dit tout sur l'état d'esprit actuel du groupe et de ce nouvel album. Et, avec une franchise propre à ce groupe rock unique.
 
Comment te sens-tu à la veille du passage des Fatals Picards à Toulouse ?
On se sent super bien. On fait la route ce jeudi pour être en forme demain à Toulouse. Surtout que là, on va pouvoir profiter du week-end et du beau temps de la région. Retourner au Bikini est un moment exceptionnel pour nous, il y a une super acoustique, tout le monde y est sympa et le public toulousain est exceptionnel. On les retrouve toujours avec la même ferveur que ce soit au Bikini qu'à Tournefeuille ou Muret, à la salle Alizé lors de notre dernier passage.
 
Vous tournez énormément. On ne calcule plus le nombre de kilomètres parcourus par les Fatals Picards notamment depuis les débuts et les 1 100 concerts effectués. Tu n'es pas lassé par la route ?
Par la route, oui ! (rires) Mais jamais par les concerts. C'est un réel plaisir de retrouver son public. Avec Laurent Honel, on est là depuis les débuts de l'aventure des Fatals et on comptabilise en effet plus de 1 100 concerts, et à chaque fois, c'est un moment différent. Certes, nos sets changent de date en date mais surtout, et j aurais jamais pensé pu dire ça, on s'éclate toujours autant malgré le temps. Le public change, même si la base est souvent la même, et il se passe plein de trucs à nos concerts. Peut-être aussi du fait qu'on parle énormément entre les morceaux. C'est une interaction avec le public assez privilégiée.
 
D'ailleurs, le public est fidèle mais il y a aussi de nouvelle têtes. Comment juges-tu l'évolution de votre public depuis les débuts des Fatals Picards ?
Les anciens sont toujours là. Ceux qu'ils nous aiment pour nos chansons décalées et humoristiques du début et le côté plus rock ne nous quittent jamais. De même que des nouveaux débarquent à chaque fois. Pour un groupe qui ne profite pas des médias nationaux, on a une belle base de fan sur Facebook (122 000 fans). On n'en perd très peu et le chiffre augmente très rapidement. Les gros fans sont là et ramènent des potes à nos concerts…on touche tous les jours de nouvelles personnes. 
 
La presse nationale parle très peu de vous comme tu viens de l'évoquer. Comprends-tu pourquoi ?
Ce n'est pas ou plus un problème pour nous. C'est un peu vexant quand même, surtout après 7 albums, plus de 1 100 concerts dans des salles toujours remplies…On fait mieux que de nombreux groupes qui passent à la radio continuellement. On est pourtant à l'image de la musique française. On est ancré dans le paysage musical français. De temps en temps, il y a un groupe un artiste de notre famille musicale qui arrive à exploser sur scène et dans les médias nationaux comme Shaka Ponk ou encore la folie Fauve, qu 'on découvre à Paris en ce moment. Nous, forcement, on a plus de mal ! On nous juge comme des artistes régionalistes alors qu'on est même pas picards. Et personne ne passe des chansons comme « Gros Con » qui juge trop grossière alors que seul le titre peut l'être. On ne nous juge pas sur la qualité mais sur ce qu'on fait ! Sur une certaine idée de ce qu'on fait ! C'est dommage et c'est rageant quand Alcaline ou Taratata ne nous font pas confiance. Mais c'est le cas aussi pour les Têtes Raides ou les Ogres de Barback par exemple.
 
 
 
Parlons de ce nouvel album, 7e ciel. Vous êtes continuellement en tournée, est-ce qu'il a été écrit sur la route ?
Il a été écrit un peu sur la route car on est toujours en tournée. Mais c'est difficile quand on a un sujet d'actualité en tournée, de l'utiliser. On ne peut pas l'exploiter directement car il faut attendre d'entrer en studio pour voir si il est toujours porteur ou pas. On engrange un maximum de thématiques et de chansons sur la route puis on fait le point au studio. Avant l'enregistrement, Laurent finalise les textes. C'est lui qui amène la patte Fatals aux chansons. Après chacun amène quelque chose, que ce soit un riff ou une mélodie ou un thème. Après on en discute et on garde ou jette certaines chansons. Yves fait la pré-production chez lui car il a un home studio, puis, Laurent finalise vraiment le tout. Pour le prochain, par contre, on va se faire de grosses sessions de studios. Voir y passer des journées entières pour chercher, composer et écrire. Ce sera nouveau pour nous avec l'ambition de faire découvrir une nouvelle facette de notre travail. Je crois qu'il faut aussi retrouver une énergie et un nouvel exercice créatif après sept albums studios.
 
D'ailleurs, pourquoi ce nom d'album ?
Il n'y a pas vraiment de logique à part noter le 7ème album du groupe. Bref, on trouvait ça original mais on s'est vite aperçu qu'on n'était pas les seuls à faire ça (rires). Bon, je vais te dire qu'il y a aussi une autre explication qu'on préfère taire pour le moment. Il devait y avoir un duo avec un énorme artiste sur une chanson intitulé « 7ème ciel ». Ça ne s'est pas fait, donc on n'en parle pas et on verra pour le prochain. Mais je peux te dire que c'est une énorme vedette mais pour des raisons de maisons de disques on n'a pas pu !
 
Vous avez quitté votre maison de disques pour une plus petite. Une soif d'indépendance ?
On a quitté notre maison de disque pour une plus petite, oui. On est un peu plus indépendant mais pas totalement et pas assez à mon goût. On a vraiment une envie de devenir totalement libre. Surtout qu'on a les moyens de pouvoir auto-financer nos propres albums. Si on veut vraiment choisir, être libre et pouvoir créer librement, on doit être totalement indé. La question se pose pour le 8ème album et je pense qu'on s'y dirige pour de bon, là.
 
On en parlait précédement, l'un des points de l'album sont les textes notamment sur la chanson « Gros Con ». Peux-tu m'en parler ?
Gros con, c'est une chanson qui raconte de manière humoristique, et très difficile, une histoire entre un mec et une fille qui se fait battre par ce mec. Mais elle arrive à le quitter pour un autre qui la bat, cette fois, avec des coups d'amour. C'est un sujet qui nous tenait à cœur et que je trouve très contemporain. D'ailleurs, Najat Valaud Belkacem (NDRL : Ministre du Droit des Femmes) a découvert la chanson et nous a invité dans son ministère où j'ai appris qu'elle adorait notre groupe. Une chanson difficile mais profonde dont personne ne veut à cause de son nom. M6 l'a quand diffusé mais à 4h du matin alors que d 'autres clips, plus provocants, passe en journée. C'est un peu comme pour « Coming out » où on abordait l'homosexualité. On avait fait un clip décalé et drôle avec Dave mais personne n'en voulait, jugeant le sujet trop tabou. Alors que voir des nanas à poil sur des grosses berlines ne dérangent personne. Comment veux-tu qu'on avance avec une telle disproportion dans le goût et le choix des médias.
 
 
 
Vous abordez de nombreux thèmes forts mais dans l'actualité qu'est ce qui pourrait vous donner envie d'écrire une chanson ?
Il y a plein de thème qui mériteraient de s'y pencher. Le racisme ambiant, l'affaire Dieudonné, ou encore les écoutes de Buisson. Tant de sujets qui me dégouttent. Mais ce sont des sujets difficiles à traiter car là on est en tournée, et qu'il faut attendre d'entrer en studio soit dans deux ans. Et, pour la plupart, on n'en entendra plus parler. Par exemple, on avait penser faire quelque chose sur la téléréalité, les Michael Vendetta et Nabillas du paf. Le problème, c'est qu'on est vite dépassé et qu'on les oublie rapidement. Ils ne durent pas. La chanson n'aurait aucune porté pour la suite. 
 
Dans l'album et dans la discographie des Fatals Picards, quels sont tes titres préférés ?
Dans les Fatals, je dirais «  Mon père était tellement de gauche ». Je n'ai pas participé à son écriture mais elle me parle profondément pour plusieurs raisons personnelles. Je l'aime tellement. Dans le nouvel album, je dirais que musicalement « Punks Au Liechtenstein » est ma préférée. Mais comme pour « Mon père était tellement de gauche », pour les mêmes raisons, la chanson « Le Dimanche au soleil » me parle profond ément. Elle évoque pour moi une certaine mélancolie. Paul ne perçoit pas ça, mais il est plus jeune que Laurent et moi, donc c'est compréhensible.
 
 
 
Vous avez l'air plus intense dans les textes désormais, il y a une vraie évolution, comment l'expliques tu ?
Au départ pour « Pamplemousse mécanique » et jusqu'en 2007, Laurent et Yvan Callot étaient aux textes. Yvan imposait une écriture rapide sans engagement. A son départ, seul Laurent était en charge de l'écriture. Il est plus littéraire et pense plus ces textes. Il a une vraie patte, c'est plus beau aussi. Puis on vieillit, plus on évolue aussi bien musicalement que dans les textes. C'est plus net sur scène, d'ailleurs. On est un vrai groupe de live, et on est devenu très très bon.
 
Pour finir, et vu l'enthousiasme que tu amènes,  jusqu'où va s'arrêter les Fatals Picards ?
Sincèrement, tant qu'on aura l'envie, des gens dans les concerts et des idées, on continuera. Là, on a prévu un arrêt de cinq mois après la tournée. D'habitude, on arrête un petit mois et on reprend. On va s'aérer pour mieux gérer la suite et repartir pour 10 ans de plus. Après il y a toujours des bruits qui courent comme quoi on se sépare etc…Ce n'est pas dans les tuyaux, on s'éclate et on a jamais autant été soudé dans notre démarche que dans le privé qu'actuellement.
 
 
Les Fatals Picards,
vendredi 7 mars à 20 heures au Bikini de Toulouse

 

A voir aussi

Alex Burger : Country-rock et poésie décalée au Bijou !

Le mercredi 2 avril 2025 à 21h00, le Bijou accueille Alex Burger, un artiste country-rock …