Rencontre avec Kacha le chanteur du groupe Che Sudaka avant leur concert de ce soir au Phare dans le cadre du Groove Fest.
Che Sudaka c'est la rencontre d'argentins et de colombiens dans le quartier gothique de Barcelone, et l'appel de la musique fait le reste. Depuis qu'ils sont à Barcelone, la chance est avec eux. Découvert par Manu Chao qui les a mis en avant sur sa compilation de la rue "La Colifata" en 2002 et qui suit encore aujourd'hui leur carrière de très prés, puis soutenu activement par Gambeat (bassiste de Radio Bemba dont le chanteur est Manu Chao), rencontre providentielle et magique qui leur a permis d'avancer en produisant leurs albums.
Che Sudaka n'est pas un groupe classique. Dans un train, dans un bar, sur une scène, dans un festival ou devant une terrasse de café, ils jouent dans la joie et avec l'énergie explosive d'un groupe qui dévore la vie à pleines dents. Le groupe est un morceau de poésie urbaine dans cette jungle babylonienne moderne. Ce sont des gouttes d'espoir dans un océan de plus en plus individualiste. C'est un groupe pour embellir les journées et se réveiller du bon pied. Au cas ou l'on finirait par interdire la danse, la musique et les chants, à incarcérer les guitares et confisquer les percussions, ils seront toujours là pour nous rappeler que la musique guérit les maux et que les musiciens sont les médecins de l'âme. Che Sudaka c'est aussi et surtout plus de 900 concerts en 9 ans dans 22 pays ! Régulièrement comparés aux plus grands groupes de la scène alternative pour leur prestation et énergie scénique, les Che Sudaka risquent, sans aucun doute, de ne pas laisser indifférent le public français…
Parlons un peu de vos débuts, vous avez monté le groupe en mars 2002 à Barcelone, et c'est votre rencontre avec Manu Chao qui a été déterminante, comment avez vous vécu ce moment?
C'est une personne qu'on rêvait de rencontrer, et qu'on rêvait avant tout de rencontrer dans la rue et c'est ce qu'il s'est passé, on l'a rencontré dans la rue et forcément on se faisait une idée de comment il pouvait être, de sa personnalité, et il était exactement comme on se l'imaginait. Ca a été un très bon moment parce qu'on n'a même pas parlé de musique, on a joué au football dans la rue, et à chaque fois qu'on se voyait c'était pour finir par aller jouer au football, et c'est là, plus tard qu'est venu l'idée de faire un album, sous la "direction" de Manu Chao, avec des groupes de la rue de Barcelone, de graver un disque, et de faire une compilation qui s'est appelé "La Colifata", et c'était le premier disque dans lequel on a eu l'opportunité de mettre une chanson, c'est le début du début, du coup on est très reconnaissant, et on l'aime beaucoup !
Vous avez collaborer avec Gambeat le bassiste du groupe Radio Bemba dont fait parti Manu Chao, du coup est-ce que vous envisageriez de faire un album entier avec Manu Chao?
Pas vraiment, Manu Chao pour nous c'est vraiment un ami, mais il ne nous intéresse pas en tant que Manu Chao le personnage, le musicien, on l'aime beaucoup et on l'admire, mais pas tant pour ce qu'il représente que pour ce qu'il est lui vraiment. Et on veut le laisser tranquille (rire).
Parlons de la scène, vous tournez énormément, plus de 900 concerts en 9 ans dans 22 pays différents, est-ce que pour vous monter sur scène c'est l'essence même de votre travail?
L'essence de notre travail c'est le rêve, le fait de rêver, c'est très différent de faire un disque que de jouer en public en plus de faire de la musique qui sont deux activités très différentes. Les concerts c'est un moment de libération, c'est comme le prix, la récompense de tout le travail qu'il faut fournir pour arriver là, surtout quand on vient de la musique des rues. Etre avec les gens c'est très important, le contact avec le public c'est quelque chose de magique et c'est pour cela qu'on tourne beaucoup et qu'on aime particulièrement ça.
Justement ce contact avec les gens, votre premier album a été fait avec des musiciens de la rue, et vous avez participé à des projets au bénéfice du peuple Saharaui… mais est-ce que ça fait encore partie de votre univers musical cette musique des rues?
Avant toute chose, la rue ça a été le point de départ de la plupart des carrières de musiciens, de la vie des musiciens des membres de Che Sudaka, quand on a vu qu'on pouvait commencer à gagner notre vie avec la musique en jouant dans la rue, ça a démarré. Pour nous il n'y a qu'un seul chemin entre le moment où on a commencé à jouer dans la rue pour commencer à gagner de l'argent, et là où on en est maintenant. C'est un seul chemin, ça a été le début, mais pour nous c'est toujours un peu la même chose, dans nos coeurs c'est la même chose. Et ça nous dérange vraiment que dans beaucoup d'endroits maintenant on ne laisse pas les gens jouer dans la rue.
Par rapport à ça justement, votre 3ème album a été fait en signe de protestation suite à l'interdiction de jouer de la musique dans les rues de Barcelone, comment ce projet s'est-il crée?
Pour ce disque là, on a pris comme base le fait que le gouvernement a interdit de jouer de la musique dans les rues de Barcelone, le fait qu'il faille maintenant des permis pour jouer dans la rue, ils n'en donnent pas à tout le monde, c'est loin d'être systématique. Celui qui joue sans permis dans un endroit où il ne faut pas forcément, ils lui enlève son instrument, et le musicien peut même être emmené en garde à vue et être détenu comme si c'était un délinquant. C'est pour ça qu'on a choisi de faire ce disque de manière acoustique, de la même manière que si ça avait été fait dans la rue, mais ce qu'on veut souligner c'est que ce n'est jamais pour parler d'une chose, dans notre musique on parle toujours de la vie et pas juste d'une chose. Cette interdiction ça a influencé le choix de jouer de manière acoustique, mais l'album ne se résume pas juste à ça.
Parlons de votre actualité, vous jouez ce soir place d'Italie à Paris pour la fête de la musique, vous tournez énormément en Europe et particulièrement en France, quel est votre rapport avec ce pays? Pourquoi avoir choisi de jouer ici pour la fête de la musique et pas ailleurs?
On aime beaucoup la France d'une manière générale, c'est un bon pays pour faire des spectacles, pour jouer, pour faire des concerts, on aime bien l'énergie des gens dans les concerts, du public, dans n'importe quelle ville de France. Je ne sais pas comment ça se passe avec les autres groupes, mais en tout cas avec nous, il y a toujours eu une bonne énergie de la part des gens. Donc voilà on a eu l'opportunité de jouer à Paris et on a choisi celle là mais ç'aurait pu être ailleurs, pour nous peut-importe, on aime la musique avant tout et l'important c'est de jouer de la musique, et de la représenter n'importe où, parce que la musique c'est ce qu'il y a de plus beau.
Concernant le dernier album "Tudo é possiblo" qui est sorti en espagne en octobre 2009, mais qui vient tout juste de sortir en France le 6 juin dernier, pourquoi y a t-il un tel écart?
Parce que comme on est un groupe indépendant, c'est compliqué et ça coûte de l'argent de déposer une licence pour un disque dans différents pays, et c'est pour ça là qu'il y a un aussi grand délais entre la sortie en Espagne et celle en France.
D'autre part, ce dernire album c'est 14 chansons qui retracent votre parcours, vos nombreuses tournées, est-ce que pour vous c'est comme un bilan de ces 9 années passées ensemble?
Effectivement, c'est la base et l'idée même de cet album là, et c'est aussi pour montrer que tout est possible d'où le fait qu'il s'appelle Tudo é possiblo, parce qu'aux vues de ce qui nous est arrivé, de notre histoire, de notre parcours, ça montre bien que quand on veut quelque chose on peut le réaliser, et même par rapport à l'avenir de l'humanité, de la planete, c'est pas par hasard que les choses sont comme elles sont, c'est pas à cause des animaux, des plantes, des fleurs, c'est à cause de l'être humain, et c'est lui qui peut décider que les choses changent ou non.
Un prochain album en vue?
Ca fait déjà 900 concerts en 9 ans, et nous même on se pose la question de "mais quand est ce qu'on trouve le temps pour faire des disques?" Mais oui il se trouve qu'en ce moment on est en train d'en faire un autre, et on espère dans la mesure du possible qu'il sortira d'ici le mois d'octobre, pour aussi faire la commémoration des 10 ans de Che Sudaka. Mais on ne sait pas encore ni le nom, ni ce qu'il va donner au final, il n'est pas encore fini.
Et il y aura de nouvelles collaborations, comme dans le dernier album?
Pour ce nouveau disque on n'essaye pas trop de penser à ça, pour tous nos autres disques il y avait beaucoup de collaborations, mais pour celui là on essaye de faire un disque qui soit vraiment de nous tout seul. Mais probablement que quelqu'un va apparaître quelque part, qu'un copain sera là à un coin de rue. En tout cas merci à vous d'être attentif à notre musique, d'être attentif à ce que l'on fait, et de nous donner l'opportunité de dire ce que l'on pense, et de permettre la liberté d'expression. Merci beaucoup (en français).
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Le Phare Tournefeuille