Ils sont 6 au total et forment depuis 10 ans le groupe Tahiti 80; rencontre avec le groupe avant lors de leur passage au Week end des Curiosités.
Groupe français, Thaiti 80 est plus connu à l'étranger qu'en France. Leur dernier album The Past, the Present & the Possible date de cette année et espère remédier à cette lacune française. Capables de tubes pop d'une évidence folle, leur savoir-faire en concert est imparable. Ce sont les représentants historiques d’une certaine pop frenchy, mais ils n’en ont pas vraiment récolté les lauriers. Auteurs de plusieurs hymnes accrocheuses et remuantes, le quatuor a fait un passage remarqué sur la grande scène du Week-end des Curiosités. Thérapie de groupe en compagnie de Xavier, Julien et Pedro des Tahiti 80.
Vous jouez au Week end des Curiosités, que vous évoque ce festival?
Xavier : Déjà, on ne vient pas assez à Toulouse, et c'est notre toulousain, Julien, qui le dit. Sur le principe, on aime bien Toulouse. Ca c'est toujours bien passé ici, puis ça a l'air d'être un évènement musical sur la ville avec une programmation un peu dans tous les sens, donc on est bien content d'être là.
Le terme Curiosités, n'est plus tellement d'actualité pour vous, même si chez les français vous paraissez moins connus qu'ailleurs?
Julien : Ce mot ne s'applique pas vraiment en fait, on voit Gotan Project qui joue ou même Cassius qui ne sont plus dans le domaine de la curiosité.
X : On va dire que c'est plutôt le Week end des confirmés un peu. Mais il y a aussi de vrais découvertes.
Pouvez-vous nous parler de vous pour ceux qui ne vous connaissent pas?
X : Ca fait longtemps, on s'est rencontré dans les années 90. Au départ Tahiti 80 est un peu le premier groupe avec lequel on a joué ensemble et on a sorti notre premier album en 1999, donc voila ça fait déjà quelque temps qu'on est là, plus deux nouvelles personne qui sont venus se greffer au projet. Mais on a toujours l'envie de jouer, de proposer. On ne se considère pas comme des vétérans.
C'est surprenant, vous êtes plus connus à l'étranger?
X : Notre musique avait une certaine exigence, très anglo-saxonne, avec des références un peu pointues. On revendiquait un héritage d'une certaine musique des années 60, on parlait de noisy-pop, de mouvements musicaux qui ne se revendiquaient pas forcément des groupes phares des radio anglaises de l'époque comme Coldplay ou Oasis. Pour certaines personnes c'était difficile de mettre une étiquette sur ce qu'on faisait car chaque album évolue, notre troisième album Fosbury était ouvertement influencé par les musiques noires par exemple. A l'arrivée on écrit toujours des chansons pop qu'on arrange, et à l'étranger les personnes avaient l'air d'être plus réceptifs à notre musique, on a joué un peu partout en Europe, en Asie. Et c'est vrai que la France n'est pas un pays qu'on a délaissé mais on y allait un peu moins vu que la demande était plus forte à l'étranger.
Le choix de la langue anglaise ne vous a pas freiné?
J : Non regarde il y a des groupes comme Bewitched, qui proposent un rock en anglais différent et pourtant ils tournent pas mal en France.
X : On a commencé c'était le tout français, on était un peu les seuls à chanter en anglais, alors que maintenant c'est l'inverse, c'est devenu le tout anglais. Ca ne nous donne pas envie de chanter en français mais parfois j'ai l'impression qu'il y a quelques groupes qui auraient mieux fait de rester en français plutôt que passer à l'anglais. Derrière ça il y a un phénomène de mode autour de l'anglais et on se retrouve parfois avec des groupes qui racontent n'importe quoi, n'importe comment en anglais avec des accents pourris. Non mais on peut penser qu'aujourd'hui l'anglais est le remède miracle à la crise du disque mais bon…
On veut des noms !
X : On ne dira rien mais c'est finalement dur d'être français et de percer à l'étranger. Ca a toujours été un choix artistique pour nous en tout cas, afin d'utiliser les vrais ingrédients de la pop music pour en arriver au résultat où on en est.
Vous étiez peut être un peu en avance sur votre temps ?
X : Non je sais pas. Ce n'est pas un truc systématique, c'est pas parce qu'on a décidé de chanter anglais qu'on va conquérir un public. Tu vois Phoenix ont vachement travaillé pour arriver à leur statut de parrain d'une scène comme ça. Nous c'est bien différent, on n'a pas ce statut là.
Tahiti 80 c'est vraiment un son à vous, vous avez votre patte, comment se passe votre processus créatif?
X : C'est quelque chose qui évolue un peu avec les albums, l'inspiration de chacun. Je pense qu'au départ on est un groupe qui tourne autour de chansons, donc généralement il y a Médéric et Sylvain qui emmène quelques chansons de leur côté, moi on va dire que je suis le fournisseur le plus constant sur l'album. Après on en discute entre nous, chacun va trouver son terrain de jeu. Le fait qu'on soit là depuis quelque temps déjà, montre une certaine complémentarité sans trop avoir à en parler entre nous, et puis même en changeant assez souvent d'instruments. On sait que certains vont emmener des chansons tandis que d'autres vont essayer d'y apporter quelques arrangements et après il y a le côté multi-instrumental de Raphaël et Julien qui pratiquent des jeux différents. Du coup ils nous permettent de proposer une palette de sons assez larges. Finalement sur chaque album on réussit à avoir un projet de fond assez différent.
Vous préférez la scène ou le studio?
X : Je pense que le studio ça reste quand même un moment particulier. Car c'est l'endroit le plus créatif pour nous. On se rend compte par exemple que nos arrangement ne sont pas assez stricts, après le live c'est différent, il y a l'excitation du public et tout ça. On n'est pas des Frank Zappa, qui réinventent ses morceaux chaque soir. Il y a toujours une part de nouveauté, mais je pense que le studio c'est ce qu'on préfère.
Pedro : Mais la scène aussi est très enrichissante, le studio nous permet d'aller jusqu'au bout de nos idées et après la scène nous permet de s'exprimer et de voir aussi la réaction des gens. Pas facile de choisir entre papa et maman (rires).
Dernière question, qu'est ce qu'une bonne chanson pour vous?
X : Une bonne chanson, c'est une chanson dont tu te souviens. Ca peut être de la grosse merde, Le Petit Bonhomme en mousse est une bonne chanson par exemple. Non mais une bonne chanson, par exemple sur n'importe quel morceau de l'album Pet Sounds des Beach Boys, ou même sans écouter les paroles t'as tout qu'est là, la mélodie et tout, et t'as pas forcément besoin d'écouter ce que le chanteur dit, par contre les paroles donnent vraiment une dimension parfaite pour une bonne chanson. Tout est un peu important.
J : C'est surtout qu'une bonne chanson tu peux la relier à ton expérience, à ta vie, à des souvenirs, comme le Petit Bonhomme en Mousse qui me fait penser aux 50 ans de ma mère (rires).
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