A l'occasion de la rentrée du Rio Grande à Montauban, Patrick Combalbert nous parle de cette salle mythique, de la programmation et des belles découvertes à venir. Entretien.
Le Rio Grande existe maintenant depuis une quinzaine d'années. Pouvez-vous me dire quelques mots sur cette salle mythique à Montauban ?
Beaucoup d'artistes sont passés par chez nous. Le Rio a été créé en 1995, sous le format d'une SMAC, c'est à dire un lieu pour les musiques actuelles, avec un cahier des charges conforme et quelques ressources. Le lieu fait 800 places avec une scène de 60m², toute équipée et avec une équipe technique au top. C'est plus qu'une salle de concert puisque l'Association du Rio y est installée et accueille de nombreux artistes en résidence ou pour des répétitions. Voilà, sinon je peux rajouter qu'on a un blog www.lerio.fr .
La vie n'a pas toujours été facile pour le Rio.
Oui, c'est très dur, et ce n'est pas fini. C'est un travail de longue haleine avec des équipes de l’association et de la région qui bossent dure sur la salle. Pour moi, c'est un lieu rafistolé dès le départ avec des petits travaux de temps en temps. Et aussi un budget construit avec le temps pour permettre de recevoir les artistes. On continue de travailler dans ce sens là.
C'est un combat de tous les jours ?
Surtout avec les pouvoirs publics. Avec la Région, c'est plus simple. Mais tout le monde se renvoie la balle entre le Conseil Général, la région et les autres. Tout le monde se regarde. Nous, on doit avancer malgré ça. Il y a un tissu associatif fort qui nous aide au développement. Sans oublier le public qui est à l'origine de 50% de nos bénéfices. Mais, on accepte ces conditions là.
Vous vous occupez de la programmation. Comment choisissez vous les artistes présents sur la scène du Rio ?
Il y a de multiples façons. C'est selon le budget artistiques, les échanges, les sensibilités, les opportunités… Par exemple, il y a beaucoup de groupe de métal dans la région donc on leur a offert l'opportunité de se produire au Rio. Après il y a aussi les conditions techniques du lieu qui ne permettent pas à certains groupes de venir. D'autres refusent : ça ne les intéresse pas. Il faut avouer que la proximité avec Toulouse ne joue pas en notre faveur. On a du mal à faire venir des groupes internationaux qui se produisent souvent à Toulouse. La programmation s'étalonne entre envies et contraintes.
Le Rio ouvre aussi ses portes à la scène régionale. C'est primordial selon vous de donner sa chance à ces jeunes groupes et/ou artistes ?
On les accueille avec plaisir. On entre surtout dans une politique d'accompagnement à l'échelle régionale voir un peu plus large aussi. On a reçu des groupes comme Scarcerow ou Rufus Bellefleur en résidence. il y a beaucoup de bons groupes mais on ne s'arrête pas à la région. On en reçoit d'Agen, de Bordeaux… Sur Toulouse, il n'y a pas de lieu de résidence pour la scène actuelle. 98% des salles sont des lieux de diffusions. C'est notre avantage, et on se démarque de Toulouse grâce à ça.
Pony Pony run Run, Revolver, Mass Hysteria, Youssoupha.. la programmation cette saison est assez éclectique.
Ca se fait avec les choix et les occasions qu'on nous propose. Le Rio est un lieu des musiques actuelles, même si le terme ne veut plus rien dire car exceptée la musique classique, cela regroupe un éventail assez large. On a fait un peu de jazz, un peu de chanson, mais ces catégories musicales se sont éliminées d'elle même petit à petit. Notamment en raison de la salle. Nous n'avons par exemple pas de places assises. Dans ces conditions, on s'est tourné vers un choix plus éclectique avec du métal, de l'électro, du rock sous toutes ses formes…ça fait un grand écart. Mais ce sont des choses que j'aime. J'écoute de tous et j'aime ouvrir les oreilles à toutes les formes musicales.
Quels sont vos coups de coeur dans cette rentrée ?
Nous avons beaucoup de tête d'affiche vu et revu. Je préfère m'attarder sur les premières parties. Comme Rufus Bellefelur et Scarecrow qu'on voit évoluer au fur et à mesure. La première partie de Revolver, Giedré ou Broke font aussi parti des artistes qui me tardent de (re)découvrir au Rio. C'est des groupes intermédiaires qu'on a envi de voir prendre possession de la salle. Comme j'aime tout, je verrai après ce qui m'a déçu ou pas.
Ce sont des vrais paris artistiques..
Avant on prenait plus de risques sur certaines nouveautés. Mais les gens veulent désormais des têtes d'affiche. Donc on a réorienté la programmation dans ce sens. Le public préfère mettre 50 euros pour un concert de Coldplay au Zénith que 5 euros dans un groupe découverte. Donc, on a fait le choix de donner de l'importance aux premières parties. Avant, on pouvait croire en des groupes comme Shaka Ponk qui sont venu en 2006. Et, on se félicité de leur évolution en 2012. Mais il possède la même énergie qu'à l'époque. Rien n'a changé. C'est pourquoi il ne faut pas oublier les débuts d'un artistes. Après, j'aime me dire qu'on a reçu Birdy Nam Nam quand ils n'étaient pas encore très connus ou on a vu la prise d'élan d'Izia. J'aime cette découverte musicale qu'on continuera à défendre entre nos murs.
Enfin, l'objectif du Rio est-il de recevoir encore plus d'artistes ?
A Montauban, ce n'est pas possible. On s'est donné comme objectif de faire un rendez-vous hebdomadaire de concert avec une coupure entre mai et septembre. Là, on peut recevoir des artistes en résidence et bricoler quelques améliorations à la salle. Après, on accompagne les artistes toute l'année donc on ne peut pas faire comme à Toulouse des concerts tous les soirs. Et puis, le public ne suivrait certainement pas.
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