dimanche , 6 avril 2025

Rencontre – The Bewitched Hands, un groupe hybride

Revenus à la rentrée avec Vampiric Ways, l'un des meilleurs albums de l'année, The Bewitched Hands continuent de disperser leur énergie sur scène à l'occasion des Curiosités vol 13. Rencontre avec le groupe.


Originaire de Reims, The Bewitched Hands est un groupe pop folk à l'énergie scénique survoltée, qui n'hésite pas à revisiter le genre en y injectant une dose de psychédélisme. En deux albums, ils ont su imposer un style et une musique. A l'occasion de leur passage à Toulouse, aux Curiosités du Bikini vol 13, rencontre avec Antonin Ternant, chanteur et compositeur du groupe rémois.

 
Vous êtes actuellement en tournée à l'occasion de la sortie de votre deuxième album, Vampiric Way. Comment se passent les retrouvailles avec le public un an après la fin de la précédente tournée?
Super bien, on ne va pas se mentir. Tu as raison d'évoquer notre année sans concert. On s'est un peu reposé car on a enchaîné pas mal, entre la préparation du premier album et les concerts. On est très content car la réputation est restée la même malgré le temps. Il faut avouer, qu'on l'a bien bossé ce live avec des morceaux un peu plus dansants, un peu plus rock. Du coup, c'est cool de retrouver le public. On a déjà fait une quinzaine de dates, majoritairement dans le nord. Là, on part dans le sud, après déjà une date à Montpellier.
 
C'est un public plus difficile dans le sud ?
Peut-être. On vient de Reims, donc on a tourné en majorité dans le nord, en Belgique, en Bretagne… Les gens nous connaissent là-bas. Notre réputation est moindre dans le sud.
 
Un nouvel album que vous égrainez sur les scènes actuellement mais qui possède, avant même sa sortie, une bonne presse, grâce à votre passage au Festival Rock en Seine au mois d’août. C'est un fait d'arme majeur cette date ?
C'était très cool et on ne s’attendait pas à voir autant de monde. C'était blindé, malgré le set de Noël Gallagher en face. Rock en Seine était aussi notre premier concert avec les nouveaux morceaux. On avait pris le parti de jouer des nouveaux titres en majorité, pour voir la réaction du public. Et si sur les anciens, ils y avaient une certaine jouissance dans la fosse, le public à hyper bien réagi aux nouveaux. Voire au-delà de nos espérances. Quant au fait que ce soit une date clé, je retiendrais surtout notre concert à Reims devant la cathédrale. Un gros événement où on était 14 sur scène et d'où est né le visuel de Vampiric way d'ailleurs. C'était un show époustouflant avec une esthétique fluo et des choristes.
 
Tu parles de la pochette de l'album, mais on peut évoquer aussi le dernier clip dans la même lignée visuelle. Vous maîtrisez plus votre image sur cet album, non ?
C'est vrai. On ne le faisait pas avant. A l'époque, on avait rencontré des personnes pour produire nos clips mais on a été un peu déçu ; ça ne correspondait pas du tout avec notre univers. Ils laissaient transparaître une image sérieuse alors qu'on est un groupe fun. On s'est alors dit que le prochain, on le ferait nous-même, avec notamment Playground, qui comprend très bien notre démarche artistique. Ça rend ainsi un résultat plus homogène. Pour le premier album, on débarquait complètement : on n’avait pas de maison de disque, on ne connaissait pas les studios pro…donc on se consacrait uniquement à la musique. Puis, tu te rends compte que cela va au-delà du son. Bewitched Hands, c'est aussi un univers. 
 
 
L'acte de naissance du groupe remonte à cinq ans. Vous faisiez alors tous partie de groupes distinctifs. Quel a été l'acte fondateur ?
Ça a été un concert à Reims autour du projet solo de Seb (clavier). Il avait décidé de jouer ses morceaux avec plusieurs personnes. Puis, plusieurs morceaux à 10 ou 12 sur scène. C'était complètement nouveau pour chacun d'entre nous. On avait, et tu l'évoques, un projet chacun de notre côté. Ce concert a dégagé une masse sonore extraordinaire où tout le monde chantait. On s'amusait. Puis on a continué en mélangeant les répertoires sur d'autres concerts avec 8/10/ 12 personnes. Enfin, un noyau dur s'est dégagé dont est né la base créative du groupe.
 
Et ça a duré longtemps avant de se lancer ?
Ça a duré un an avant de faire la bonne rencontre. A une fête de la musique, on a rencontré Yuksek, un autre rémois. Il nous a proposé de faire une reprise folk de son premier EP. Son tourneur s'est intéressé à nous et très vite on a enchaîné les dates.
 

" Bewitched Hands, c'est aussi un univers. "

 
Le nouvel album, Vampiric Way, vous l'avez sorti assez rapidement. C'était évident ? 
On avait besoin d'une année pour faire le point. Après avoir beaucoup joué, au-delà de ça, on savait qu’on n’avait pas beaucoup de temps pour sortir un deuxième volet. On avait mis trois ans pour le premier, il était hors de question d'entre autant. Pendant notre tournée, on pensait déjà au second. On a enchaîné jusqu'en septembre 2011, enregistrement en octobre…puis, on a fait une pause pour mieux se retrouver. Chacun est revenu sur ses projets solos. C'est très bien car ça alimente notre musique.
 
 
On ressent une vraie complémentarité entre vous; C’est plus facile de travailler avec des amis ?
Carrément plus facile oui ! Grâce à cette relation, et nos expériences passées, on sait comment fonctionne un groupe. Quand dans le passé, on en avait marre, ça pouvait créer des tensions dans nos groupes respectifs. Là, on est plus tolérant car effectivement on se connaît parfaitement. La musique est notre supplément pour s'amuser tous ensemble. 
 
Parlons un peu de la créativité au sein du groupe. Comment s'organise un groupe de six personnes pour composer ?
Il n’y a pas de recette. Chacun compose de son côté. L'avantage, c'est que tout le monde peut faire des chansons avec un répertoire différent. Certains viennent du rock, d'autre de la folk, du garage, de la chanson française ou de l'électro….fort de ces influences, Bewitched Hands crée un truc différent à chaque fois. Pour la composition, parfois, l'un trouve un couplet puis un autre le refrain, se rajoute alors d'autres personnes sur un autre couplet ou sur des ponctuations musicales. C’est plus intéressant quand c'est hybride. 
 
Dans cette optique là, vous composez énormément de morceaux pour les albums ?
En effet…pour le premier, on a dû en composer 70. Pour Vampiric Way, on en a composé 50. Sur les 50 morceaux, on en a terminé une trentaine avant l'enregistrement, pour faire le point sur 20 morceaux.
 
 

A l'écoute de l'album, on a l'impression d'une continuité, comme si c'était une face B ou un double album. Es-tu d'accord ?
Exactement. On ne s’est pas arrêté d'écrire pendant la tournée. Du coup, il n'y a pas eu de rupture, ce qui explique la continuité. J'aime à penser que c'est une face B, un deuxième volume comme la dark side du premier. La présentation du disque est à l'opposé du premier, qui était très coloré alors que Vampiric Way est plus sombre, tout en restant rigolo. Une sorte de dualité.
 
Une dualité dans la façon de le faire aussi ?
Le premier disque s'est fait à la campagne. Le groupe se découvrait. Avant cette réunion, on n’était pas vraiment The Bewitched Hands. Même pendant l'enregistrement, d'ailleurs. C'est juste lors du dernier morceau, qui est celui de l'album Birds and Drums, qu'on a su qu'on était un vrai groupe. On a compris notre sens du groupe, pourquoi on faisait ça….
 
Il y aussi la présence de Yuksek sur le premier et puis de Julien Delfond sur le second.
C'est pas du tout pareil, en effet ! Yuksek est arrivé à la fin du processus du disque. On a enregistré sur de l'analogique avec 150 pistes. Un vrai bordel. Yuksek a du trier. Il a du coup tout débroussaillé, pour s'occuper uniquement du mixage. Julien est lui arrivé plus tôt dans le processus. Il a commencé à venir à Reims pour écouter une première version, puis on est parti à Paris pour terminer l'album dans un studio pro. On avait, pour le premier, un peu peur des studios pro car on voulait un son comme ça ou comme ça. Et puis, on voulait tout gérer. Déjà, les autres groupes de Reims nous avaient rassurés sur ces studios. Julien a su trouver l'équilibre dans nos compositions et trouver des solutions quand on coinçait un peu.
 

" C'est difficile de faire et de vivre du rock en France."

 
Vous venez de Reims comme Yuksek ou The Shoes. Cette scène rémoise a pris de l’ampleur ces dernières années. Comment analyses-tu cette démocratisation ?
Ce qui s'est passé, en dehors de Brodinski, c'est qu'on était tous des trentenaires qui jouaient sur des scènes locale avec un vivier très fort. Du coup, il y avait une sorte de complexe. C'est difficile de faire et de vivre du rock en France. Puis, Yuksek est sorti de Reims tout comme le précédent groupe de The Shoes, The film. Ça a été un moteur, un réveil pour nous. C'est grâce à eux que le groupe existe. Et puis, même si on se connaissait, il n'y avait pas de collaboration entre nous. C'est The Shoes qui a ramené ça de Bordeaux. Yuksek nous a donné notre premier coup de main. Depuis il y a des jeunes groupes hyper intéressants qui n'ont plus ce complexe stupide. Ils font de la musique plus sereinement. Ado, tu crois que la musique est une utopie où tu ne gardes pas les pieds sur Terre. On essaye de prouver le contraire.
 
C’est difficile de faire du rock en France notamment en chantant en anglais même si ça se démocratise petit à petit ?
On ne s'est pas posé la question entre l'anglais et le français. On n’a jamais été proche de Noir Désir ou des groupes de ce type-là. Quand tu commences à faire de la musique, tu imites les groupes qui te tiennent à cœur. Si le français collait à notre musique, pourquoi pas. Mais, il est évident que non. On utilise la musique comme un instrument, les textes viennent après. On ne sait faire que des chansons pop donc l'anglais est plus simple. Si un jour, il nous paraît que l'allemand est plus approprié, on chantera en allemand.  
 
Enfin quel est le futur pour Bewitched Hands ?
Pour cet album, et cette tournée, on est plus dans le présent. On vient de finir un clip, on prend notre temps. On fait actuellement ce qui faut pour durer un peu avec Vampiric Ways avec des concerts jusqu'à la fin de l'été puis on recomposera des choses pour la suite.
 
Les Curiosités du Bikini vol.#13

Vendredi 30 novembre à 20h30



Tarif : 5€ // gratuit pour les adhérents !

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