mercredi , 2 avril 2025

Sortie Cinéma : Zero Dark Thirty, des femmes fortes

 

Oeuvre saisissante, film souterrain, Zero Dark Thirty marque un tournant dans la carrière de Kathryn Bigelow, véritable plasticienne des ruines d'une Amérique en perpétuelle réflexion sur son passé récent. Porté aussi par une incroyable Jessica Chastain.
 
Revisiter son passé récent a toujours été la force du cinéma américain. S'emparer, le décortiquer à chaud pour en servir une oeuvre cinématographie forte est aussi dans les gênes de Kathryn Bigelow. En 2010, la réalisatrice sortait "Démineurs" en pleine guerre en Irak et obtenait l'Oscar du meilleur réalisateur. Une première pour une femme à Hollywood. Si on ne doutait alors pas de sa fascination pour les films testostéronés, Kathryn Bigelow s'imposait comme une cinéaste forte, touchante, viscérale et subversive par le propos et la maestria de sa mise en scène. On avait, auparavant, en tête les films Point break, Strange Days ou Blue Steel. De tristes œuvres.
 
Émancipée de son compagnon d'alors, James Cameron (Terminator, Titanic et Avatar), la réalisatrice filme les hommes comme personne. Soit des flics soit des militaires, toujours costauds, durs à cuire, inflexibles et obsessionnels. Pour son nouveau long métrage, Zero Dark Thirty, les mêmes attributs reposent sur les épaules frêles de Jessica Chastain. Véritable révélation de ces dernières années avec Take Shelter, Des hommes sans loi, Tree of Life ou La couleur des sentiments.
 
Dans Zero Dark Thiry, Jessica Chastain est sur la piste du numéro un d'Al Quaida, Oussama Ben Laden. Elle le traque d'un pays à l'autre. D'une maison à une autre. Mais elle doit faire preuve de courage pour poursuivre sa quête entre les hommes de terrain et les bureaucrates à Washington.
 
Car c'est là que Zero Dark Thirty prend sa force. Ne vous attendez pas à des scènes d’affrontement dignes de scènes de jeux vidéos. Pour un film de guerre, il n'en ait rien. Analystes, enqueteurs, soldats, tous sont perdus et se perdent dans les méandres de cette quête. Seul Jessica Chastain y croit.
 
Kathryn Bigelow ne montre que le nécessaire. En sous entendant le reste. Ne montrer que le nécessaire sans artifice, sans jugement de valeur et sans explication. Il y a bien les scènes de tortures qui choquent les américains. Encore une fois la réalisatrice condamne les bourreaux avec une objectivité froide. Bigelow dépeint des cendres d'une Amérique dépassée par les événements. Les cendres du 11 septembre qui cachent la réalité de cette traque. 
 
Il aura fallu des années à Bigelow pour devenir cette réalisatrice de la froideur, de l'humain et de la violence. Aujourd'hui, elle s'impose comme une plasticienne du 7ème art. Modulant son récit, ses personnages et ses images avec la beauté glaciale suffisante pour nous bouleverser, nous happer et nous questionner.  Sans jamais le montrer. Là où d'autres posent leurs grosses pattes sur l'intrigue, elle n'en fait rien. L'art du cinéma est de tout montrer en suggérant le plus possible. Kathryn Bigelow l'a compris. Pour notre plus grand plaisir.
 
La polémique américain autour du film a eu raison des Oscars. La réalisatrice, qui signe son film le plus passionnant, n'aura pas droit à une nomination logique comme "Meilleur réalisateur". Par contre, Jessica Chastain, fort d'un Golden Globes, pourrait gagner son premier Oscar. Logique!
 

A voir aussi

Carte blanche au Festival cinéma Grindhouse Paradise au Museum Toulouse

Le Muséum de Toulouse invite le festival de cinéma de genre Grindhouse Paradise pour une …