Gérard Lenorman, revenu en 2011 avec un album de duo sera ce soir en concert à Toulouse. Rencontre avec un artiste qui a pris conscience de son patrimoine musical au regard de la nouvelle scène française.
Quarante ans après ses débuts et après avoir régné sur les années 70 et 80, Gérard Lenorman s’offre une renaissance artistique. Accompagné par les plus grands chanteurs français actuels, il revisite en duo les plus belles chansons de son répertoire. A la veille de son passage par le Casino Barrière de Toulouse, rencontre avec un artiste ayant retrouvé un nouveau souffle.
Comment est née l'idée de cet album de duos ?
L'idée ne vient pas de moi. C'est un garçon qui est venu me voir il y a près de deux ans. Il voulait faire une compile de chansons pré-enregistrées : j'ai refusé. Et puis, il me demandait des duos : j'ai encore refusé. Jusqu'au jour où j'ai eu un déclic avec de jeunes artistes.
Pourquoi avoir refusé au départ un tel projet ?
Je ne sais pas. Je ne savais pas si des gens voulaient chanter avec moi. Qui veut chanter avec moi ? Après, reprendre des titres avec des gens de ma génération ne m’intéressait pas. Qu'est ce qu'on aurait pu amener de neuf ? Et puis, c'était déjà vu sur les plateaux télés et autres. Donc, place aux jeunes. Tout est véritablement parti de ma rencontre avec Grégoire sur une émission de télé. Il demande à me rencontrer et me dit l'importance que j'ai sur lui. Là, je me suis rendu compte que j'intéressais d'autres personnes.
On se sent comment devant une telle déclaration. Surpris ?
On est plus étonné que surpris. Je ne me vois pas comme quelqu'un qui aurait été important. Jamais je ne l'ai pensé comme ça. C'est incroyable, je sais, mais on ne peut pas douter de ma sincérité à ce niveau là. Au fond, je me suis arrêté au fait de « j'ai rêver de chanter, ça a marché ». Rien d'autre. Je n'avais aucune conscience de ce que je représentais. Je suis très bien avec mes chansons, je sortais des disques et personne n'y faisait attention ; tan pis. Donc, je suivais mon chemin normalement. Ne pas se montrer, n'a que du bon.
Et le véritable déclic ?
J'ai participé à une émission de Daniela Lumbrosso (NDRL : Chabada sur France 3) autour de la journée de la femme où j’interprétais un duo surprise avec Joyce Jonhatan sur Michelle. Et, ce jour là, je me suis rendu compte que tous les artistes de l'album étaient présents. Depuis Grégoire, je réfléchissais à cet album de duo. Et puis, les artistes m'ont fait comprendre qu'ils rêvaient de chanter avec moi. Que j'étais un chanteur marquant pour plusieurs génération. L'album était donc fait sur l'instant. Et, il y a eu un coup de baguette magique avec la participation de Florent Pagny qui n'avait qu'un jour pour enregistrer avant de partir. Voilà le déclic.
Vous avez été absent pendant très longtemps. Vous avez l'impression d'avoir manqué ?
Non, je continuais de tourner. Je ne demandais rien de plus que ça. Si j'ai matière, je fais quelque chose. Et, j'ai un patrimoine de plus de 300 chansons donc je peux voguer la dessus. Aujourd'hui, je me rend compte de ce que je représente avec le succès de cet album. J'espère que ça va continuer pour moi mais aussi pour la maison de disque, moi qui n'est jamais été heureux avec les maisons de disques. Celle là a tout donné pour la réussite entière de ces duos. En plus, c'est des jeunes. J'ai toujours préféré être avec les jeunes, les vieux me font chier. Je ne les trouve pas vrais, trop calculateurs, hypocrites…Il n'y a pas pour autant de tensions avec les anciens.
Sur l'album, il y a un duo surprenant avec les Gypsy Kings sur « Si j'étais Président ». Comment est venue l'idée ?
Je ne voulais pas le faire. Quand j'ai fais cet album, je voulais suivre mes préceptes. Premièrement, m'entourer de gens que j'aime. Je n'aime pas pour la photo, c'est pour de vrai. Je voulais des échanges. C'est ce que j'ai eu. Je ne peux faire de choses que si elles ont un sens. Pour revenir à « Si j'étais président », je n'en voulais pas comme pour « le Dauphin ». Chico a voulu travailler sur l'album, et m'a proposé de faire une maquette sur cette chanson. Je suis tombé sur le cul en écoutant une toute nouvelle version. Il l'a sortie de son contexte pour en faire une instrumentale. Génial ! J'ai vécu ma plus belle séance d'enregistrement.
D'autres rencontres marquantes ?
Toutes. Et peut être celle avec Shy'm. Elle a été adorable. Elle est belle et une chose est sûre, elle va faire carrière. Derrière cette beauté, il y a une intelligence, un savoir…c'est un genre de Madonna. Elle n'a pas peur de lever les manches. Elle a le secret des gens qui tapent très fort.
Cela a été difficile d'aller vers ces artistes de la nouvelle scène ?
J'aime les artistes en général. Il n'y a pas de génération, juste des talents. Maintenant, c'est eux qui viennent vers moi. Je ne vais trop rarement vers eux. Je me rend compte aujourd'hui que j'ai eu tord de ne pas aller vers les autres. Je suis assez timide au fond. Je pense que c'est un manque de confiance, avec un mélange de niac aussi. Je souffle le chaud et le froid. Au niveau de ma valorisation, j'en prends conscience là.
Le terme de variété française qui vous colle à la peau vous dérange ?
J'ai toujours eu cette étiquette de variété, de « variétoche ». Je m'en fous, j'ai toujours eu un public malgré les années. Qu'est ce que tu veux que ça me fasse qu'un journaliste me reconnaisse ou ne me reconnaisse pas. Ça ne change pas ma vie. Depuis 40 ans, j'ai toujours été habitué. Je dois reconnaître qu'on ne m'a jamais tapé dessus. On n'a jamais été méchant ni vulgaire envers moi. J'ai toujours été préservé. Maintenant, je lis des critiques avec des termes comme «beaux textes », « belles musiques ». Je pensais que ça me laisserait froid : mais ce n'est pas désagréable.
Pour finir, quelle est votre relation avec la région ?
Je me souviens des studios Polygone où j'ai fait des albums ici. Je suis surtout un grand malade des Pyrénées. Je passe une grande partie de ma vie dans les Pyrénées et dans les montagnes du monde. La montagne est un de mes grands bonheurs. C'est infini pour la marche. J'ai une affection particulière pour les Pyrénées, sans chauvinisme local. Plus on monte en montagne, moins il y a de cons.
Gérard Lenorman à Toulouse
Jeudi 12 avril à 20h au Casino Barrière