samedi , 31 mai 2025

Toulouse ? Griefjoy : « Danser avec des larmes aux bords des yeux »

Ce vendredi, Griefjoy sera sur la scène du Saint des Seins de Toulouse pour présenter leur très bon premier album. Rencontre donc avec Guillaume Ferran, chanteur du groupe niçois.
 
Quelques notes de synthés, un piano d'où coulent des larmes, une rythmique syncopée et une voix qui vous invite à goûter. "Taste Me"… Bienvenue dans le monde de Griefjoy et de leur premier album : ambitieux, lyrique et fier, et qui esquisse aussi quelques pas sur le dancefloor. Leur nom rassemble deux émotions qui ne peuvent à priori se ressentir en même temps : la douleur et la joie. A seulement 22 ans, les quatre niçois ont réalisé un disque incroyablement mature, où l’on croise aussi bien la lumière et l’obscurité, un rock intense et une électro grisante, des cercles de fumée et des angles droits. Rencontre avec Guillaume Ferran, chanteur et leader du groupe. 
 
Avant de revenir sur l 'histoire du groupe, vous êtes en pleine tournée, le succès est là, dans quel état d 'esprit es-tu ?
On se sent super excité en ce moment. Une sorte de crise de joie constante. On est toujours sur la route où on rencontre un nouveau public, mais aussi l'ancien de l'époque de Quadricolor. On prend toutes cette énergie pour élever notre musique en live et prendre de nouveaux repères pour préparer dans la foulée un deuxième album.
 
D'ailleurs, que représente la scène pour vous ?
Ça occupe 50% du projet, et on avance avec un mélange d 'appréhension et d’excitation. C'est une expérience enrichissante à plusieurs échelles. On travaille le live de façon permanente et innovante avec des versions nouvelles de nos chansons à chaque fois. Histoire aussi de rompre la routine. On fait durer nos morceaux assez longtemps mais de façon à ne pas être non plus trop pénible pour le public. La configuration est donc très longue pour des titres grâce notamment aux samples d'electro qu'on peut changer en temps réel. L'idée est de faire bouger, danser et surprendre le public, et nous aussi, sans jamais être trop lourd. C'est un mélange très fin à trouver.
 
Revenons sur le parcours du groupe. Comment s'est faite la rencontre ?
On s'est rencontré entre le collège et le lycée. On était au conservatoire de Nice en musique classique avec la même envie de créer et interpréter notre propre musique. Il faut aussi avouer qu'on avait les même influences et on allait voir les mêmes concerts rock à l'époque. Dans la logique de création, on a donc formé le groupe Quadricolor qui nous a permis de faire plein de chose mais tout en restant dans un projet assez adolescent. Quadricolor s'est fait connaître grâce à des covers d'autres chansons, et l'envie est vite arrivée de recommencer à zéro pour faire découvrir notre propre musique.
 
Place désormais à Griefjoy. Parles moi de ce changement et de la différence entre ces deux périodes !
Quadricolor était une belle aventure aussi bien artistiquement que publiquement. Mais il fallait modifier les choses. Comme si ce projet était une phase de test. Un laboratoire d’expérimentations. On avait un public pour différentes raisons, notamment les covers, mais il fallait prendre le risque de reprendre à zéro même si on avait peur de perdre du monde sur le changement de direction.
 
Et ce fut le contraire !
Griefjoy est un vrai coup de poker. C'est super ! Les gens nous découvrent sans à priori et il y a eu une vraie attente avant la sortie de l'album en septembre dernier. On fédère de nouvelles personnes, même celles qui ne sont pas férues de pop indépendante. Avec « Touchground », on a vraiment réalisé le coup de fédérer tout le monde. Ça nous a surpris mais aussi prouvé qu'on était sur la bonne voie.
 
D'ailleurs « Touchground » a été un vrai succès, notamment grâce à la force du clip. Pourquoi avoir fait appel au Garage pour réaliser la vidéo ?
Avec le Garage, on voulait casser l'image de ce qu'on avait fait avant. On cherchait un côté plus street, plus urbain et coller à l'imagerie Hip Hop et rap. Et le Garage trouve ce ton après la réalisation de nombreux clips pour 1995 notamment. Ce qui a surpris, c'est qu'on ait livré quelque chose dont ne s'attendait pas les gens. Les opposés, comme pour le nom, sont les bases de notre projet. Les contrastes sont les moteurs pour toutes nos créations.
 

Après 2 Eps, vous avez sorti un premier album en septembre dernier. Ça a été compliqué de proposer dix chansons pour la première fois ?
En fait, non ! Il faut avouer qu'on a enregistré tous les morceaux, albums et Eps, sur la même session studio. On a pensé le tout comme un ensemble indissociable dont chaque chanson est un bout de notre univers. La sortie des EPs a surtout permis de faire goûter le son Griefjoy au public avant de leur proposer le tout directement. Il y a une véritable cohérence dans tous ce que l'on fait.
 
Comment se passe le processus créatif au sein du groupe ? Peux tu me parler de votre relation avec Sylvain Autran, votre parolier ?
On fonctionne assez simplement. Je compose les chansons puis on se retrouve en studio où on travaille le son Griefjoy. Où on colle notre patte à des mélodies. On travaille donc les éléments les uns après les autres pour progresser dans la bonne direction. Il manque alors plus que le texte. C'est là où intervient Sylvain Autran. Le cinquième membre du groupe. Notre parolier. On travaille sur un thème global ensemble, et il colle les textes et les phrases pour donner un ensemble cohérent à l'album. Sur tout le disque, il est autant garant de l'univers que nous.
 
Vous avez décidé de chanter en anglais, ce qui correspond parfaitement à votre son, mais est-ce aussi par envie de s'exporter ?
Au départ, c'était certainement pas pour s'expatrier. L'anglais vient naturellement car cette langue fait partie de notre culture musicale. On écoute énormément de son anglo-saxon, le choix est donc évident. On serait incapable de chanter et d'écrire en français. Et puis, ça colle tellement mieux à la pop qu'on fait. Après c'est différent de s'adresser à un public à l'étranger, de les voir qui comprennent les paroles. Il faut donc s'adapter. Chaque pays a une culture différente du concert… Mais oui, on peut dire qu'on ambitionne de tourner ailleurs qu'en France.
 
Dans la version Gold de l'album on retrouve des remix de Breton, Yuksek ou encore The Shoes. Pourquoi ces artistes là ? Pourquoi ces versions ?
On connaissez pas tout le monde pour ces remix. C'était une sorte de cadeau qu'on voulait faire au public en se disant qu'il mérite de découvrir une autre version de notre travail. On écoute beaucoup d'electro donc logiquement des personnes de cette univers là nous plaisent plus, et c'est donc un plaisir de les voir travailler notre son. Mais c'est avant tout un cadeau fait à notre public.
 
D'ailleurs, avec qui aimeriez vous travailler ?
Ils sont nombreux ! Il y a de nombreux producteurs qui nous plaisent comme John Hopkins capable de faire de l'electro puis travailler avec Coldplay. Il réalise des albums de qualité tout en créant un écart dans ses collaborations. Si on avait une vie de 1 000 ans, on travaillerait avec tout le monde. Mais on doit choisir et faire en sorte que cela soit dans la logique de notre démarche.
 
Comment décriais-tu ta musique ?
Je pense que c'est un mélange d'émotions opposés. Un mélange de différents courants qui se rencontrent. Il y a de la mélancolie, de la nostalgie mais aussi de l'ivresse. On mêle un peu tous ça en espérant voir les gens danser avec des larmes aux bords des yeux.
 
Qu'est ce que pour toi une bonne chanson ?
Une bonne chanson doit capter, toucher, dans les 30 premières secondes. Je ne suis pas touché par les longues intros qu'on entend souvent. Faut que la chanson touche à l'intime, et ce n'est pas forcement un tube. Mais faut qu'il capte quelque chose et qu'on comprenne l'univers d'un artiste, son synopsis dans les premières secondes. Je pense par exemple au titre After Life d'Arcade Fire où on découvre l'univers envoûtant. Il y a chez eux, et comme chez Stromae par exemple, cette capacité de faire danser au bord du précipice avec des textes dures mais une mélodie forte. Comme si notre génération était blasée. Etait dans la grisaille !
 
Pour finir, quels sont vos projets pour la suite ?
D'abord la tournée, puis d'autres chansons. Toujours des chansons. Même si là c'est difficile de faire les deux en même temps. On a encore une tonne de choses à créer. Mais on garde le mystère pour le moment !
 
Griefjoy et Mehari en concert
Vendredi 21 mars à 20h au Saint des Seins de Toulouse

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