En première partie de Citizens, les toulousains découvriront la belle révélation de la scène électro française : Broken Back. Rencontre avec un artiste à suivre !
Ce nouvel EP de BROKEN BACK « Dear Misfortune, Mother of Joy » fait écho à la célèbre citation de l’écrivain Albert Cohen : « Le malheur est le père du bonheur de demain ». Mixés par Pierrick Devin (ancien assistant de Philippe Zdar, connu entre autre pour son travail avec Lilly Wood & the Prick), et N’to (producteur de Marseille considéré comme un des espoirs de la scène Deep House minimale française), les 4 titres de « Dear Misfortune, Mother of Joy » apparaissent comme des hymnes à cette génération de 1990. Le son sort d’une chambre d’étudiant, tout est bricolé, fait à la main. Pas de gros studios, pas de musiciens additionnels.
Cet EP sonne comme une mélodie qui n’a pas de frontières, à l’image d’une génération qui ne met plus de barrières entre les continents. Une génération lumineuse, née sur les cendres d’une crise ambiante, mais qui semble porteuse d’un optimisme à toute épreuve. Une génération vers laquelle, parfois, il fait bon de diriger son regard.
véritable coup de coeur de cette année 2015, on a rencontré Broken Back avant son premier passage à Toulouse.
Tu es en pleine tournée, c'est une période assez excitante pour toi ?
Oui, on est en plein dedans. Je dis « on » car je tourne avec un percussionniste et je préfère voir la scène à plusieurs. Depuis mars, on enchaîne pas mal les dates en Allemagne, en Suisse, en Grèce, en Angleterre, à Berlin… On est en plein dedans avec une excitation qui ne cesse de croître. On profite à fond car ce sont des moments très précieux que de pouvoir tourner.
Tu voyages énormément, vois-tu une différence entre les publics ?
Pas de différence réelle. Je dirais que je n'ai rien remarqué forcément. Je vois plutôt des points communs dans nos publics. Pour la première fois, je passe du monde digital aux vraies personnes qui sont là pour me soutenir. Ce point commun est l'encouragement et l'amour que je reçoit lors des sets. C'est très touchant. Tu sais, j'ai débuté grâce à internet, et voir que ce ne sont plus que des « vues » mais de réelles personnes, c'est impressionnant. J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé. Je m'ancre désormais dans le réel et c'est le public qui me permet de réaliser toutes ces choses !
Pourquoi avoir décidé de tourner avec un percussionniste ?
Je n'avais tout simplement pas envie de faire un guitare/voix car c'est trop folk, et encore moins de faire DJ Set en chantant par dessus. Je suis musicien et je voulais qu'on vive les lives comme un vrai concert. Donc il me fallait un batteur pour les morceaux..On a construit un duo au final.
Dans l'avenir, y a-t il une possibilité de voir une collaboration entre vous deux ?
Broken back est réellement mon projet où je suis auteur, compositeur et producteur. J'ai tout fait dans ma chambre à Saint Malo, qui ressemble plus à un studio qu'à une chambre. Les percus, je les enregistre seul, car j'ai besoin de trouver le bon groove.
Revenons aux débuts. Comment es-tu arrivé à la musique ?
J'ai commencé à l'âge de 7 ans. Une formation classique où j'ai appris le tuba pendant près de dix années. Et ensuite, assez récemment, je me suis mis à la guitare et au chant, en poussant au maximum ces côtés là. Après l'histoire retiendra que le début du projet est né après un déplacement de vertèbre. J'ai été bloqué chez moi pendant de long mois. Donc, j'ai commencé à faire du son, à acheter du matos, un micro, je me suis formé.. J'ai appris comment mixer etc…Tout s'est accéléré par la suite voilà trois ans depuis ma convalescence et cette vertèbre.
Le nom vient donc de cet incident ?
Oui, d'où le nom qui veut dire dos cassé. J'ai gardé ça. Tu sais, c'est marrant les noms, car tu testes pleins de nom, et aucun nom ne sonne bien. Puis, on en prend un, et petit à petit il prend son sens, on l'assume puis on l'aime. Un nom prend son sens comme un prénom, car il nous définit !
Comment se passe le processus de création chez toi ?
Le plus souvent, la musique vient en premier lieu. Je compose à la guitare, quelques riffs, des mélodies. Il n' y a pas de règles prédéfinies mais c'est le plus probable. Après, je prends le temps de bien me poser pour le texte et la thématique. Et puis je rentre en production. Voilà le cheminement assez naturel pour la majorité des chansons. Parfois, il m'arrive d'avoir des textes de côté car j'avais les thèmes bien avant. Mais je ne cherche pas à les coller à une musique déjà composée. L'un découle de l'autre. L'un insuffle l'autre. Moi, j'adore tisser des contrastes dans les chansons : musique joyeuse avec texte triste et inversement. C'est un peu l'idée globale de l'EP.
Et comment choisis-tu tes thématiques ? Est ce qu'il y a des thèmes que tu t'interdis ?
Il y a tellement de sujets possibles, mais je n'ai jamais ressenti aucun mal à parler de certaines choses. Je débute, donc j'ai forcement beaucoup de choses à raconter, je me poserais la question quand je serais un vieil artiste. J'ai l'impression d'avoir un terrain de jeu immense avec un milliard de sujets possibles. Je suis plutôt dans la canalisation actuellement. Après, tout dépend de la personnalité de chacun. On est plus enclin à parler de certains sujets que d'autre.
A l'écoute de ton Ep, on sent que c'est assez personnel. Est ce le cas ?
C'est pour une partie, en effet, très perso pour cet EP. En fait, je dirais que c'est 100% perso mais transposé. C'est à dire que je pars d 'un vécu et je vais plus loin. L'idée est de ne pas faire quelque chose de biographique mais d'extrapoler sur certains sujets.
Dans Young Souls tu parles de grandir. As-tu garder, ou retrouver, ton insouciance enfantine grâce à la musique ?
Tu as mis le doigt dessus. La musique me permet de retranscrire mon inconscient. C'est mon exutoire à moi, où une fois que tu as mis le doigt sur le problème ou l'idée, tu la transpose en musique pour que l'angoisse disparaisse. Young Souls remonte la pente de cette insouciance retrouvée.
Dans Happiest man on earth tu parles du moment où on se sent heureux. Quel est ce moment pour toi ?
Moi, je suis le plus heureux quand je suis en studio à Saint Malo. Je m'en suis rendu compte il n'y a pas si longtemps. Cette chanson vise à poser la question de savoir qu'est ce qu'un moment où on est heureux . Pour une question posée, il y a des millions de réponses possibles. C'est une question ouverte à tous.
Ton Ep se nomme « Dear Misfortune, Mother of joy ». Pourquoi ce titre très fort ?
Le nom de l'EP vient de ma convalescence, une période sombre où seule la musique me consolait. Mais aussi une phrase d'Albert Cohen qui dit ceci : «Le malheur est le père du bonheur de demain ». Ma mésaventure n'est pas si grave au final, mais j'ai pu ouvrir les yeux, et y voir ma musique. J'ai plaqué le reste pour me concentrer sur l'EP. Ce n'est que le début de tout. Après j'espère que je ne me casserai rien au moment de retrouver le studio pour l'album etc… même si autour de moi, certaines personnes se plaignent un peu de mal de dos (rires).
Tu as connu le succès via internet. Quel regard portes-tu à ça ? Quelle relation entretiens-tu avec ton public ?
Extrêmement bienveillant ! Le projet au départ, je l'ai présenté gratuitement sans prétention aucune. Sans que je ne sache pourquoi, les gens ont écouté, et dès le départ, il y avait quelque chose de bienveillant vis à vis de mon travail. Je dois beaucoup à internet, ce pourquoi je suis très favorable à toute ces choses comme le streaming par exemple.
La question qui fâche souvent les artistes est de savoir pourquoi chantes tu en anglais. Donc je la pose : pourquoi cette langue ?
Il n'y avait pas l'idée de conquérir un maximum de personnes dans le monde. Moi, ce qui m’intéresse, c'est le fait de ne pas avoir de restriction et ainsi ne pas viser le public francophone uniquement. L'anglais est une langue très belle, aux fortes sonorités avec un énorme champ lexical et de nombreux synonymes. La manier est un régal. Puis, ça correspond à mon style de musique, je ne pouvais pas y penser autrement. C'est l'évolution du marché aussi, si je peux le dire ainsi. Le monde est ouvert, il n'y a plus de nationalité au seins des groupes. On écoute de tout, qu'importe les origines !
D'ailleurs côtés influences, tu te situes entre la folk et l'electro. Quels groupes ont marqué ta musique ?
Mes influences, pour la voix, se dirigent vers Cat Stevens grâce à la chaleur de son timbre. J'ai pas mal écouté Supertramp aussi mais on le ressent beaucoup moins dans ma musique, comme par exemple aussi le Buena Vista Social Club. Après, j'écoute beaucoup de folk de Of Monsters and men, The Lumineers, Mumford and sons…Et niveau électro, je me dirige vers les sons de Gramatik ou encore de Flume.
Penses tu dans l'avenir faire des collaboration un peu comme Flume avec Chet Faker ?
Je viens de sortir un titre dans l'album de Synapson. C'est quelque chose qui m’intéresse, et de très enrichissant. Le métissage entre les musiques est super excitant. La chanson est une fusion de deux mondes dans l'album de Synapson, c'est pourquoi j'en suis très fier. Pour la suite, on verra !
Et la suite finalement ça sera un album pour bientôt ?
L'album est prévu pour le printemps 2016 logiquement. Il est presque prêt. Puis ça sera une tournée qui va s'intensifier de plus en plus. Je dois me préparer à de nouveaux chamboulements dans mon existence sans me casser le dos cette fois ci !
Citizens ! + Broken Back en concert à Toulouse
Mercredi 9 décembre à 20h au Bikini
Réservations : www.lebikini.com