jeudi , 3 avril 2025

Toulouse – Interview : Fauve, le succès  » un super accident » !

Le collecif Fauve sera au Zénith de Toulouse le 9 avril avec la Nuit Fauve. Rencontre avec le groupe pour évoquer cette soirée et le dernier album "Vieux Frères partie 2".

Après le succès de leur première tournée, avec une date au Bikini complète, le collectif Fauve reprend la route avec ses Nuits Fauves. Un concept de soirée unique à découvrir le 9 avril au Zénith de Toulouse avec notamment les fou-furieux de Salu C'est Cool sur scène.En attendant, rencontre avec le collectif pour évoquer cette soirée et la sortie de leur deuxième album "Vieux Frères partie 2".

Vous êtes en pleine période de scène. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Ça part un peu dans tous les sens. C'est excellent car on est très occupé, on est affairé dans de nombreuses choses, c'est excitant. C'est mieux que l'entre deux. Là, on a un nouvel album, on enchaîne les dates et on discute sur la forme qu'on doit prendre pour les lives à venir.

Vous serez à Toulouse le 9 avril avec Les Nuits Fauves. Peux- tu me parler de cet événement ?
On a essayé plein de trucs. L'historique est assez long. A la base, l'idée était de faire des concerts mais plus que cela, trouver quelque chose de plus. On veut que ce soit plus qu'un simple concert, que ce soit aussi des rencontres avec les gens. Et entre les gens. L'idée de soirée ne vient pas uniquement de Fauve. A la base, on réalisait des soirées à Paris sans forcément faire un concert. C'était des sortes de kermesses avec des DJ Set, des lectures, des projections et surtout l'occasion de boire des coups entre potes. Un truc à la cool ! On faisait ce genre de soirée avant, même si on les improvisait au maximum. On avait déjà pensé l'exporter loin de Paris, mais c'est une organisation conséquente. Le tourneur a trouvé ça mortel ; il fallait pousser le concept. On l'a testé à Paris car en Province c'est plus difficile. Le rêve a mis un an et demi à prendre forme pour pouvoir l'exporter. Il y a eu des doutes sur le budget, sur la logistique, puis on a eu une date aux Arènes de Nîmes l'été dernier où on a pu tester les Nuits Fauves. Si on arrive à le faire dans un endroit très grand comme les Arènes alors pourquoi pas ailleurs ? A la base , on n'est pas vraiment adeptes des grandes salles. Mais là, on peut bouger les lignes et offrir autre chose qu'un concert de Fauve qui ne correspond pas, avouons le, à un Zénith.

Pourtant les grandes salles sont vite remplies pour vos tournées.
Le tourneur nous a proposé de faire des grandes salles, on était moyennement chaud. Mais on se rendait compte que nos concerts étaient rapidement complets. C'est frustrant de laisser des gens dehors. Il faudrait par exemple faire quatre Bikini de suite. C'est trop crevant, on est pas prêt à ça. Alors pourquoi pas faire des Zéniths : mais comment les rendre cool ? Ce sont des endroits assez austères, nazes et relous. Pour les Nuits Fauves, on fait les choses en grand. Il y aura de l'animation, le Zénith sera décoré, il y aura des stands, c'est un moment et un endroit qu'on a voulu unique. Quand tu poses tes pieds au Zénith, tu te dis, je suis chez Fauve ! Les Nuits Fauves ; c'est un mini festival !

Revenons un peu en arrière. Qui est Fauve ? Comment est née l'idée de collectif et du nom ?
On est une bande de potes qui se sont retrouvés à faire plein de chose ensemble comme du graphisme, de la vidéo, du stylisme… L'idée est que Fauve se décline dans tous les arts. La musique est la face émergée de l'iceberg. Le projet se vit dans la globalité : le reste est important ! Le primordial est que le mot à coller dessus est Fauve. Avant, il y avait le collectif, puis le groupe. Les disciplines sont là depuis les débuts. Pour le nom, on voulait un truc qui fasse mise en danger, spontané, instinctif, un truc qui soit associé à l'envie de se libérer de nos moules. Sortir la tête de l'eau si on veut! Un truc libératoire, bouger les lignes en gros ! Puis ça vient aussi du film Nuits Fauves. On ne l'a pas vu à sa sortie, mais on savait que c'était quelque chose d'assez sulfureux. Ça parle de Sida, de mort, de vie mais d 'une façon assez crue. Rien de foufou si ce n'est un film brut et direct. Cela se dirigeait vers ce qu'on voulait. Alors, qu'on évoque le courant pictural, le film ou même l'animal, c'est la même idée au final. Fauve est une sorte de devise, un mot d'ordre et un adjectif surtout. Ça a vachement cristallisé notre démarche. On sort ainsi de la routine !

Le succès a été rapide et vous avez expliqué être là par accident. Est-ce toujours la sensation dominante ?
Complètement. C'est un accident, un super accident. C'est comme si un train déraillait mais continuait d'avancer malgré tout. On nous a donné une petite bulle pour nous échapper, et on est enfermé dedans. On est jamais revenu sur notre quotidien. On a jamais espéré ou rêvé de ça. On ne regrette pas d'avoir foncé. On a rien demandé, on a rien fait pour ça, c'est juste hyper positif.

Malgré le succès, vous êtes toujours aussi soudés ?
On est même plus soudé qu'avant. Si Fauve n'existait pas, chacun vivrait de son coté. La force de Fauve est de vivre ensemble, d'où notre besoin d'être discrets. Il y a aucun risque de savoir qui fait quoi, et on pourrait retourner dans nos vies comme avant sans que personne ne sache qui on est! Il n'y a pas d 'égo, on est au service du projet. On s’engueule beaucoup moins d'ailleurs. Là, tout est bien huilé, chacun est à sa place, on vit notre quotidien ensemble. Ce genre de projet fonctionne à la confiance. On est l'inverse d'Oasis.

Vous revenez un an après avec la deuxième partie de Vieux Frères. Pourquoi avoir découpé l'album en deux et avoir mis un an entre les deux volumes ?
On pouvait pas faire plus vite ! Au départ, on voulait faire un seul album. Mais du coup, on s'est rendu compte qu'on avait trop de titres. Notre musique est assez délicate. On s'est rendu compte qu'un EP de 6 titres était difficile à digérer alors un album de 20 titres, j'imagine pas. On a donc voulu faire deux parties digestes. Puis, on a pu temporiser entre les deux sorties pour retoucher deux trois trucs. On aurait pu le sortir au bout de six mois, ou dans 5 ans, mais je pense pas que dans 5 ans on serait toujours d'actualité. Un an, c'était le mieux. Au final, ce deuxième album a sa propre existence car on y a repassé du temps dessus.

Comment se passe le processus créatif ?
Les textes sont des chroniques. Il n y pas de lien implicite si ce n'est de raconter des histoires avec des thématiques qui nous correspondent. Une fois la thématique trouvée, on a le squelette. Quand il y a les textes, on les lie à l 'humeur, à l'ambiance, grâce aux parties musicales. A la différence des textes, on est parfois trop joyeux quand on compose la musique. Le processus d'écriture reste notre grille principale. Puis on travaille le reste.

Il y a un gros travail sur cet album notamment musicalement
Oui, il y a un énorme travail. On s'est bien fait chier. On a essayé de faire de la recherche. De se bouger. C'était un peu le mot d'ordre ; Pour les textes on reste sur du basique mais pour la musique, on a tenté des choses. On change nos méthodes de travail pour trouver à chaque morceau le bon résultat. Il y a encore plein de choses qu'on a jetées car c'était trop lourd.

Je parlais de succès. Qui dit succès, dit forcément critique. Que ressentez-vous quand on parle de vous négativement et parfois même assez méchamment ?  
C'est vrai qu'on aurait jamais cru ça possible. On pensait déjà pas être autant exposé. Quelles soient positives ou négatives, on s'attendait à rien. C'est parfois très choquant de voir certains commentaires. Aussi bien là où il y a écrit qu'on est des génies ou qu'on est des imposteurs. Au début, ça touche forcement. On se dit "mais en quoi on le fait chier, il a qu'à couper la musique". Maintenant on laisse ça derrière nous. Là il y a plus rien de mesuré, donc on en rigole. Le plus dur est passé !

Je repense au featuring avec Gerogio dans le premier album et je me demandais si vous vous sentiez proche du hip hop ?
On est proche du Hip Hop d' une certaine manière oui ! On a beaucoup écouté de hip hop, on fait partie d'une génération fondée sur le rap et le rock. Gamins, on écoutait tous ce qui passait de Limp Bizkit à Radiohead mais aussi NTM ou IAM. On en est revenu pour le rock. Avec le rap on se ressemble, même si musicalement on est pas si proche. Comme les rappeurs, on cherche le mot juste , la phrase percutante. Mais je pense qu'on a un style. Musicalement, dans la rythmique, on se rapproche peut-être du hip hop des années 90 et dans la démarche aussi. On est un collectif, on fait avec les moyens du bord.

Est-ce qu'il y a chez Fauve une envie de partir à l'international ?
Dès que ça nous permet de sortir de la routine pourquoi pas. Se balader déjà en France est une belle aventure. Ce n'est pourtant pas un objectif de tourner hors pays francophone. Faudrait y aller avec une vraie idée en tête. Honnêtement, on travaille énormément nos textes qui sont la base de notre projet, il est difficile de voir ça ailleurs. Les gens s’intéressent surtout aux histoires qu'on raconte. On ne se leurre pas plus que ça sur notre potentiel à l'international. On a pas d'idée de conquête. Si on doit le faire, on le fera. On a eu des propositions à New York par exemple, on le fera peut être. Déjà, on a eu une date à Londres mais il n' y avait que des français (rires).

Que pensez-vous de Fauve ?
Que de la sympathie et de la bienveillance. C'est notre véhicule qui nous permet de faire des choses irréalisables. C'est pour ça qu'on veut pas se prendre la tête, et qu'on travaille sans compromis. On est sorti de la routine, et tant qu'on continuera dans ce sens, Fauve continuera d'exister. Fauve est un superbe véhicule, il ne faut pas l’abîmer. Faut pas qu'on devienne une coquille vide. Sinon on arrêtera.

 

FAUVE – LES NUITS FAUVE
JEUDI 9 AVRIL à 19H30
LE ZÉNITH à TOULOUSE
Réservations : www.bleucitron.net ou au 05 62 73 44 77

A voir aussi

Siân Pottok : Un voyage musical envoûtant à la Salle Nougaro !

Le mercredi 14 mai 2025 à 20h30, la Salle Nougaro de Toulouse vous invite à …